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CHAPITRE V.

sir ; elle ne leur ôte jamais l’espérance ; mais elle n’a jamais eu, non pas ce qu’on appelle de l’amour, mais non pas même la moindre préférence pour aucun d’eux.

— Je conçois qu’il y ait des femmes comme celle-là.

— Elle prétend que par ce moyen on a des amis qui vous restent, tandis que les amans favorisés s’éloignent souvent pour jamais quand la passion cesse.

— Je serais assez de son sentiment. Une passion sans espérance pour une femme qui n’a jamais favorisé personne n’humilie pas, et elle peut par habitude conduire à une amitié agréable et pour la vie.

— Vous applaudissez donc à madame d’Orlas ?

— Je vous trouve même heureux de l’avoir rencontrée.

— Voilà un grand bonheur !

— Sûrement, si vous vous en faites