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LES FEMMES.

voyant ; ensuite elles me parurent me regarder avec indignation ; puis j’entendais des soupirs qui m’effrayaient, parce qu’elles répétaient tour à tour, avec une voix presque éteinte, ces mots : Quoi ! malheureux, c’est toi qui me trahis ! Ensuite elles m’entraînaient dans un abîme, où la chute que je croyais faire me réveillait, et pour me plonger dans les réflexions les plus douloureuses. C’est dans ces momens que je vous écrivis que j’avais besoin de vous. Je projetais chaque jour de m’éloigner tout-à-fait de madame de Soulers ; puis regardant ces songes affreux comme des illusions produites par une imagination déréglée, tout me retenait auprès d’elle ; il suffisait d’entendre prononcer son nom, jugez comme sa présence effaçait tout, et comme le charme de sa conversation rétablissait le bonheur qui voulait me fuir. Je n’avais point dit à madame de Soulers que je