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LES FEMMES.

en vain je voulais les écarter, les fuir ; elles me poursuivaient, et lorsque je m’enfonçais dans les lieux les plus écartés du parc pour y cacher mon trouble, j’y rencontrais toujours madame de Soulers. Sa présence, un sourire agréable, ces mots : Vous savez toujours me trouver, et je n’en suis pas fâchée, tout, jusqu’au son de sa voix, ne me faisait plus voir qu’elle dans l’univers ; son aimable familiarité, et une espèce de confiance enchanteresse m’enchaînaient malgré moi ; je voulais toujours la fuir, et je la cherchais sans cesse. La nuit je la voyais dans mes songes ; ils semblaient vouloir prolonger le charme que je goûtais près d’elle ; mais par la suite, lorsque je m’en approchais, c’était madame de Ricion qui prenait sa place, et quand je croyais prendre la main de l’une, je tenais celle de l’autre, leurs images s’effaçaient tour à tour ou se confondaient ;