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CHAPITRE I.

— Je crois que vous avez raison, et vous commencez à me convertir.

— Je le voudrais fort, pour vous ramener à ce qu’on appelle la bonne compagnie et à vous-même. Le cœur une fois occupé, on pense sans cesse, et c’est pour lors qu’on sent qu’on existe véritablement.

— Oui ; mais ces peines de l’ame, dont on m’a effrayé, comment m’en garantir ?

— Et ces jouissances de l’ame, si douces, si vives, si délicieuses, comment les éprouver ?

— Vous me donnez de la curiosité de les connaître ; mais ne serait-ce pas ce qu’on appelle le sentiment ? Je n’en voudrais pas entendre parler.

— Pourquoi cela ?

— Parce qu’on m’a dit que c’était un ridicule.

— Pour ceux qui l’affichent ; mais ce