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CHAPITRE XIX.

me toucher davantage, parce qu’elle me parut ressembler parfaitement à la mienne.

Après le souper je m’approchai de madame de Soulers avec la timidité et le respect que peut imprimer une ame tendre et malheureuse. Je louai les jardins, leur beauté, leur fraîcheur, les charmes qu’ils devaient faire éprouver à qui recherche la solitude. Si vous y êtes sensible, me dit-elle, vous aurez ici de quoi vous satisfaire. Puis en me regardant assez sérieusement, elle se leva pour aller parcourir les différentes tables du salon : ce qui était sa manière d’en faire les honneurs, car elle ne jouait jamais.

Le lendemain j’eus envie de parcourir les jardins de la commanderie, et je le pus librement, après avoir vu le commandeur, qui travaillait avec son régisseur. Je suivis un sentier qui traversait une prairie conduisant à un