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LES FEMMES.

tout à mes pensées, à mes regrets, je ne cherchai point à la pénétrer. Ce jour-là il y avait assez de monde au château, et nous trouvâmes plusieurs parties de jeu établies dans le salon. Quand madame de Soulers entra, ce fut des exclamations provinciales, plusieurs de ces messieurs l’environnèrent, et tout me prouva qu’ils l’ennuyaient infiniment. À souper il en fut de même. J’étais placé vis-à-vis d’elle, et mes yeux ne pouvaient se tourner ailleurs, quoiqu’il y eût des femmes assez jolies ; mais leurs manières et leur ton rendaient la simplicité et la grâce de madame de Soulers mille fois plus touchantes. Ses regards rencontrèrent plusieurs fois les miens ; je n’y trouvai que de la douceur et la langueur d’une ame remplie de regrets ; je crus même voir quelquefois ses yeux prêts à verser des larmes. Alors je cessai de les fixer, de crainte de l’embarrasser. Sa situation dut