Page:Carmontelle - Les Femmes, tome I.djvu/188

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
176
LES FEMMES.

gaie qu’à l’ordinaire. Vous vous trompez, me dit-elle ; non, mon ami, je ne suis point changée, mon caractère et mon cœur sont toujours les mêmes ; je suis assez heureuse pour n’être point agitée par une folle passion qui peut trop souvent causer l’amertume de toute la vie. — C’est-à-dire que vous condamnez la mienne ? — C’est-à-dire que je redoute, pour vous, les maux dont elle peut vous accabler. — Les maux ? — Oui, l’on dit qu’en commençant à aimer on ne voit que le bonheur ; mais que par la suite on n’éprouve que trop le contraire. — Cela peut arriver quand on a fait un mauvais choix ; mais non, jamais, quand toutes les qualités de celle qu’on aime surpassent encore les charmes de sa figure. — Je vois qu’il est déjà trop tard pour essayer de détruire l’ivresse qui s’est emparée de vous. — Oui, vous dites bien, l’ivresse, c’est quelque chose d’encore