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LES FEMMES.

l’un pour l’autre sans réserve ; nos sentimens, nos mouvemens, nos désirs enfin sont les mêmes. — Eh ! voilà l’amitié véritable sentie, exprimée avec tous les charmes dont tous les cœurs vraiment sensibles peuvent seuls être dignes. Les soupirs interrompaient quelquefois de si doux momens. Nous soupâmes ensemble, et nous passâmes toute la soirée dans cette délicieuse occupation. Il était fort tard lorsque nous songeâmes à nous séparer, et nous nous dîmes vingt fois adieu avant de pouvoir nous y déterminer. Elle me promit de m’écrire, et elle me recommanda d’attendre toujours ses billets, afin de ne lui faire des réponses que par le même commissionnaire qui ne savait pas lire, et de n’y point mettre d’adresse.

Le lendemain j’attendis de ses nouvelles toute la matinée, et je ne sortis point. Le comte de Serdal entra chez moi en riant, et il me dit : Vous avez