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CHAPITRE XVII.

jours désiré qu’on m’aimât ; et en disant cela elle se pencha vers moi ; je la serrai dans mes bras, nos cœurs palpitaient également, et nous sentîmes en même temps que l’amour n’avait jamais eu des charmes si puissans que l’amitié ; enfin nous devînmes parfaitement heureux. Revenus du trouble où nous avait jetés cette délicieuse conversation : Mon ami, me dit-elle, je crains que nous ne nous soyons trompés aux tendres sentimens qui nous remplissent. — Vous pourriez l’imaginer ? — Cette amitié ressemble trop à l’amour. — Peut-être en-a-t-il été jaloux, et il aura voulu que nous ne dussions qu’à lui seul notre bonheur ; mais celui qu’il produit ordinairement tout seul bientôt s’affaiblit, et je sens que l’amitié l’augmente, qu’elle le fera s’accroître sans cesse, qu’il deviendra sans bornes, et qu’elle va le fixer à jamais. — C’est aussi ce que j’éprouve : nous sommes