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LES FEMMES.

qui constitue et fait durer l’amitié ? Sans elle il ne saurait y en avoir ; elle doit être tout pour nous ; c’est elle enfin qui nous lie pour jamais. — Vous croyez que vous pourriez me confier vos plus secrètes pensées ? — Mais sûrement, puisque je n’en ai plus qui ne soient pour vous, qui ne me fassent jouir du bonheur d’avoir une si charmante, une si parfaite et si délicieuse amie. — Eh bien ! vous avez pourtant cru autrefois l’amitié froide. — C’est que je ne la connaissais pas, et je pense que sans vous je serais toujours demeuré dans cette opinion. J’avais repris sa main, que je serrais et que je baisais avec toute l’ardeur possible ; nos regards se confondaient. Savez-vous, me dit-elle, que je vous trouve un air de candeur que je n’ai jamais vu à personne. — C’est que personne ne vous a jamais aimée comme je vous aime. — Ah ! mon ami ! c’est que vous m’aimez comme j’ai tou-