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LES FEMMES.

À mon âge je n’ai pas encore fait l’expérience de celle des femmes. — Et vous avez été privé de la plus constante, de la plus solide et de la plus utile. — Je l’ai pensé bien des fois. — Pourquoi donc ne vous y êtes-vous pas encore livré ? — Parce qu’il m’a paru qu’il était plus difficile de trouver une amie qu’une amante. — C’est qu’on n’en cherche pas ; c’est qu’on croit toujours que les femmes veulent de l’amour, et que cette prévention éloigne souvent du but le plus raisonnable. Par exemple, une femme peut-elle former un projet là-dessus ? on croira toujours que c’est un amant qu’elle cherche. — Mais si elle aimait mieux un ami, pourquoi se contraindrait-elle ? on croirait que c’est un amant ; eh bien ! qui n’en a pas, ou plutôt à qui n’en donne-t-on pas, que cela soit ou non ? — Cela est vrai, au moins ; mais peut-on être l’ami d’un homme qui est l’amant d’une autre