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LES FEMMES.

femmes ; car pour les hommes on n’y peut guère compter. — Je ne sais pas pourquoi. — Il est vrai qu’il y a un moyen de retenir les hommes. Et que moyen, Madame ? — L’inégalité. — L’inégalité ? — Sûrement. — Je ne comprends pas cela. — C’est un art difficile pour une ame franche, je n’en disconviens pas ; mais quand on sait bien aimer, nul effort ne doit coûter pour s’assurer du cœur de l’homme qu’on aime. — Mais cette inégalité, quels charmes peut-elle présenter ? — Ceux de l’inconstance ; une femme est variée à l’infini par-là. — Je conçois cela. — Moi, je n’aurais jamais un talent si difficile ; d’ailleurs on ne me persuaderait pas aisément de son amour ; je ne connais pas l’art d’enchaîner, je suis naturellement froide ; j’ai bien des fois désiré de ressembler à madame de Persival ; c’est un sort bien brillant de voir tous les hommes à ses pieds ! — Oui ;