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des manoirs qu’ils comptaient par centaines et le clergé était le plus grand propriétaire.

Il s’en est suivi un développement considérable de la circulation de la propriété foncière. Tant que celle-ci demeura dans les mains du clergé ou des grands barons, la circulation ne pouvait exister. Dès qu’elle sortit de leurs mains, soit par des partages durables entre des héritiers ou des acquéreurs, ou par la garantie de baux à long terme, elle devint un objet susceptible d’être vendu et acheté promptement.

La circulation des services devint également plus rapide. Tant que la terre continua à être ainsi close, il ne se pouvait faire que de rares échanges sans l’intervention de ses propriétaires comme receveurs de la rente ou comme possesseurs de la terre et du serf qui l’occupait. La terre se divisant, la classe des propriétaires libres grandit en nombre et en importance, — les tenanciers s’affranchissant par degrés de la nécessité de payer la rente pour l’usage de la terre employée à produire le grain, aussi bien que de l’obligation de ne s’adresser qu’au moulin et au four du maître pour changer le grain enfariné et la farine en pain. L’ouvrier des villes échangea directement ses services avec les ouvriers ses frères, désormais libres comme lui. Les obstacles à la circulation de la terre, du travail et de ses produits, diminuant constamment, le mouvement social gagna de jour en jour en rapidité, — tandis que s’accrut la tendance au développement des trésors cachés de la terre, et à la création de foyers locaux d’activité, qui devaient plus tard neutraliser les effets centralisateurs des grandes propriétés foncières et des grandes cités négociantes.

D’une époque à l’autre, nous voyons se développer une tendance à la division croissante et ainsi à la circulation plus active, de la propriété fixée. Les actionnaires de la compagnie des Indes sont, de fait, propriétaires de tout le territoire de l’Hindostan, le droit à une part de ce territoire se transfère par une simple entrée dans les livres de la compagnie et par la délivrance d’un nouveau certificat. Les routes à taxe et les chemins de fer d’Angleterre sont aussi bien propriété fixée que la terre sur laquelle ils sont construits, et cependant ils sont divisibles en actions minimes, dont la propriété se transfère comme s’il s’agissait d’un sac de farine. Les mines s’exploitent avec des frais énormes, c’est de même une propriété en