Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/75

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les clauses des anciens baux nous montrent combien peu la terre avait de valeur ; nous y voyons qu’on en obtenait l’usage moyennant une rente annuelle qui aujourd’hui nous semble tout à fait insignifiante. À mesure que s’accroît la population, les villes se multiplient et s’agrandissent ; elles acquièrent la puissance de protéger ceux qui viennent y chercher un asile. La terre prend constamment de la valeur — la richesse allant de la sorte en croissant, à mesure que diminue le rapport de proportion entre la terre et l’homme. La division suit constamment pas à pas la richesse. — Le chiffre des propriétaires modernes était calculé, à l’époque de Smith, être d’au moins 200.000, et la propriété moyenne n’était que de 150 acres. En ajoutant ceux qui ont obtenu des droits permanents sur les terrains des villes et des cités, nous aurions un chiffre double, — ce qui donnerait un propriétaire pour chaque lot de 75 acres, et, plus d’un propriétaire sur cinq mâles adultes ; tandis qu’à l’époque des Plantagenets les descendants des chevaliers normands tenaient

    un large hangar sur le devant, et à l’un des bouts une cheminée faite de branchages et de terre. Une cabine plus petite et détachée, à vingt pieds en arrière, servait de cuisine, une citerne abritée sous un toit recevait l’eau des trois toits. L’eau du puits, ni celle de la rivière Rouge, ni celle d’aucune source des environs n’est bonne à boire ; on n’a de ressource que dans les citernes. La population blanche en use peu ; elle boit du lait, du claret, et le plus généralement du whisky. Auprès de l’habitation était une large cour avec deux ou trois arbres de la Chine et deux magnifiques rosiers de Cherokee toujours verts. Là erraient une demi-douzaine de chiens, quelques petits nègres, des dindons, des poulets, et une jolie truie enseignant à une belle portée de petits cochons à fouiller et à se vautrer. À trois cents pas de l’habitation étaient un gin-house (boutique à gin) et une étable que séparaient deux lignes de bonnes cabanes pour les nègres. Entre l’habitation et les cabanes des nègres un poteau avec la cloche pour appeler les nègres, et auprès un râtelier pour donner à manger aux chevaux. Sur le poteau de la cloche et sur les deux du râtelier on avait cloué des andouillers de daim et aussi sur un grand chêne tout à côté. Sur les troncs de la cuisine séchait une peau de daim toute fraîche. La barrière du hangar portait une selle mexicaine avec d’énormes étriers de bois. L’habitation n’avait qu’une porte et point de fenêtre ; il n’y avait pas un carreau de vitre dans tout rétablissement. L’habitation à l’intérieur nous offrit une chambre d’environ vingt pieds sur seize : le quart était occupé par un lit, un grand lit à quatre colonnes avec des rideaux ouverts qui tenaient de la mode française, et une courte-pointe d’un fort calicot ; à côté un plus petit lit de camp. Ces deux meubles remplissaient presque la pièce sur un côté de la porte. À l’autre bout une cheminée en troncs d’arbres avec un bon feu. Le contrevent de la porte restait constamment ouvert pour laisser entrer la lumière, à l’un des côtés de la cheminée une table ; de l’autre côté une sorte de dressoir avec de la poterie et un bureau. Il y avait deux chaises couvertes d’une peau de daim et un rocking-chair (une chaise berceuse).