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revenu territorial n’était que de 850.000.000 de francs. Supposons le capital représenter 20 fois le revenu, il sera de 17.000.000.000[1] ; ajoutons les maisons dans les villes et les bourgs et tout le reste de la propriété fixée, la somme totale n’atteint pas 4 milliards de livres sterling. — En 1821, elle s’élève à 39.514.000.000 de francs, elle a un peu plus que doublé en cent vingt ans. Depuis le progrès acquiert une rapidité étonnante ; une évaluation faite en l’état n’a pas donné moins que 83.744.000.000 de francs, c’est-à-dire le double du chiffre de l’année 1821, le quadruple du chiffre des premières années du XVIIIe siècle. Mettons pour la propriété mobilière le chiffre de 2 milliards de livres sterling, — nous ne pouvons nous tromper de beaucoup, — la propriété mobilière, est dans le rapport de 1 à 8 avec la propriété fixe, tandis que jadis ce rapport était de 1 à 2 ou même 2 1/2[2].

Le capital de l’Angleterre, à l’époque des Plantagenets, ne consistait guère qu’en troupeaux de grand et petit bétail. Faute de débouchés à portée, les produits s’accumulaient dans une partie du royaume, tandis que dans l’autre on mourait de faim. La terre et l’homme valaient peu, mais le drap était cher. — Aujourd’hui la valeur de la propriété foncière est probablement trois fois plus grande que celle du capital flottant, résultat obtenu en dépit de la politique basée sur l’idée que des vaisseaux, des charrois et tout l’outillage du négoce donnent de plus beaux bénéfices que la terre et l’outillage de la production[3].

  1. Voy. vol. XII, p. 60, Journal des économistes, nov. 1856.
  2. Le lecteur doit considérer que le prix de toutes les utilités achevées tend constamment à baisser à mesure que celui de la terre tend à hausser. La quantité de propriété mobilière qui représenterait 2 milliards de livres sterling serait aujourd’hui le triple de celle qui aurait représenté à la première époque 1.700.000 livres sterling.
  3. En 1843 on évaluait la propriété réelle de la Grande-Bretagne à 85 millions de livres sterling, ce qui, à vingt fois la rente, représenterait un capital de 2 milliards 125 millions de livres sterling. En 1845, on évaluait la propriété personnelle à 2 milliards 200 millions livres sterling (Porter, Progress of the nation). On y comprend, il est vrai, 800 millions d’inscriptions de la dette, ce qui ne constitue pas une propriété pour la nation, et aussi toute la masse des hypothèques et les constitutions de rente, qui représentent des portions de la propriété foncière. En les mettant à 500 millions et en ajoutant les actions de chemins de fer et autres item de la propriété immobilière, nous avons un total d’au moins 1,500 millions de livres sterling. Si nous le déduisons de la somme ci-dessus, nous aurons 700 millions de livres sterling pour le capital flottant, et probablement il est moindre.