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§ 4. — Dans le monde physique et dans le monde social l’harmonie de mouvement, — l’interdépendance, — est un résultat de cette attraction locale qui maintient une parfaite indépendance. La subordination croit avec l’accroissement du pouvoir de libre direction personnelle et de protection. L’harmonie est un résultat de l’égale action de deux forces qui s’opposent l’une à l’autre. Elle naît dans tous les pays où l’action coordinatrice est en accord avec les principes de la science sociale.

Plus se complète le développement de différences parmi les hommes, plus se perfectionne le pouvoir de se diriger soi-même, plus se réalise leur interdépendance ; et plus il y a la tendance à l’harmonie dans les rapports sociaux et de respect mutuel de la part du travailleur et du capitaliste ; plus considérable sera la production, plus rapide la circulation, plus équitable la distribution, plus absolue la subordination et plus grande la tendance vers la liberté pour l’humanité entière. Moins cependant il y aura tendance à ce que se produisent ces freins positifs à l’augmentation de population sur lesquels compte M. Malthus et que le monde a dénommés : guerre, peste et famine.

La vérité de ceci est manifeste pour tous ceux qui voient dans l’homme pris individuellement le type de cet homme colossal auquel nous appliquons le nom de société, — et qui apprécient le fait qu’une même grande loi gouverne la matière sous toutes ses formes, soit systèmes de montagnes, soit communautés d’hommes. Dans tout notre système solaire, harmonie de mouvement — interdépendance — est un résultat de cette attraction locale qui assure une parfaite indépendance. C’est de même pour les nations : la tendance à la paix et harmonie parmi elles est en raison de leur interdépendance ; laquelle à son tour en raison directe de leur indépendance. De même que chez l’individu, le pouvoir d’association croit avec le développement d’individualité et que celui-ci marche avec le développement de l’habitude de combinaison, la tendance à l’action politique croit chez la communauté avec le développement de centres locaux et l’accroissement de leur indépendance, — et la subordination aux lois du droit et de justice parmi les nations croit avec l’accroissement du pouvoir de se diriger et de se protéger elles-mêmes. Il y a ici, comme partout dans la nature, action et réaction égales et contraires, — et l’harmonie résulte de l’équilibre parfait entre deux forces qui s’opposent l’une à l’autre.

C’est néanmoins l’inverse qu’on nous affirme dans les livres anglais. Ils nous enseignent que la paix universelle est de suivre un système qui vise à une centralisation de tout le pouvoir manufacturier du monde, — en dépouillant les diverses nations de toute aptitude à développer les pouvoirs latents tant de l’homme que de la terre, — en les parquant dans le labeur de gratter le sol et de l’expédier à des marchés lointains, ce qui arrête tout développement de l’agri-