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Venant à l’Angleterre elle-même, nous trouvons une guerre perpétuelle entre les classes : les capitalistes pensant, avec M. Huskisson, « que pour que le capital obtienne une rémunération convenable le travail doit être à bon marché, » et le travailleur protestant contre cette doctrine qui conduit à l’asservissement de ses enfants et de lui-même. Comme une conséquence viennent à chaque instant les « grèves » qui causent une grande perte à la communauté et finissent toujours par la défaite du travailleur. Le résultat est que la terre se consolide de plus en plus, que le petit propriétaire et le petit fabricant disparaissent de la scène, que le pouvoir d’association décline et que chaque année s’accroît la difficulté de diriger la machine sociétaire[1].

Aux États-Unis nous trouvons les deux conditions indiquées. Les vues de la partie Sud de l’Union tendent à une agriculture exclusive ; tandis que celles du Nord sont pour une industrie variée et un commerce actif. Dans la première, l’insubordination croissante se manifeste par une nécessité de faire passer des actes qui retirent, par degrés, les droits concédés naguère à l’esclave : dans l’autre, qui est, comme nous l’avons vu, entraînée sur la pente de l’Angleterre, l’insubordination croit journellement en même temps que la moralité diminue ainsi que le respect aux droits de la personne et de la propriété[2].

Tous les faits de l’histoire peuvent donc être invoqués à l’appui de la proposition : que l’organisation sociétaire se complète, la subordination se perfectionne, — et l’homme gagne en liberté, — en raison directe du rapprochement du consommateur et du producteur du développement d’une agriculture savante et de l’écart diminuant entre les prix des denrées premières et ceux des utilités achevées.

    livre ou dans un discours au parlement, a été le plus désastreux possible pour les cultivateurs indigènes, et les a laissés entièrement à la merci des marchands et des usuriers, et a été simplement la ruine du malheureux ryot... Personne n’a écouté leurs plaintes, tout le monde les a traités avec mépris jusqu’à ce qu’enfin ils ont en recours au seul mode de redressement qui leur fût laissé, — la désobéissance, l’insurrection, la révolte organisée. Et je déclare que de toutes les horreurs et les tristes calamités qui ont suivi, c’est l’Angleterre qui est responsable. »

  1. « Nous mettons le pauvre dans la poussière par notre politique générale, et nous nous savons un gré infini de le relever en lui faisant la charité. » Fonblanque. Voyez aussi précéd., vol. I, p. 463.
  2. Voy. précéd., vol. II, p. 257.