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la perfection d’organisation, — laquelle acquiert son complément selon que le pouvoir de la coordination est exercé avec plus de discernement.

§ 2. — Les corps organiques s’accroissent à l’intérieur. La matière brute ne s’accroît que par aggrégation. Plus se perfectionne le développement des facultés humaines, plus s’élève le caractère de l’organisation sociétaire et plus se complète la self— dépendance, la faculté de compter sur soi-même. C’est le contraire qui se voit dans toutes les sociétés exclusivement agricoles.

Les corps organisés s’accroissent à l’intérieur ; et plus ils s’accroissent, plus augmente leur pouvoir d’absorber et digérer les éléments qui sont autour d’eux, — de les appliquer à leur entretien et ensuite de les rejeter sous la forme la plus apte à la circulation générale. Il en est ainsi pour les hommes, — l’homme de haut développement saisissant et digérant chaque idée nouvelle, et se préparant par là à plus de commerce avec ceux avec qui il est lié. Il en est ainsi pour les sociétés, — celles dans lesquelles le négoce, l’industrie et l’agriculture sont combinés en dues proportions, sont toujours prêtes à prendre dans les productions intellectuelles ou matérielles d’autres climats, — de quoi combiner avec les leurs propres, et donner ainsi une valeur nouvelle aux travaux de tous, soit au près, soit au loin.

La matière brute, au contraire, s’accroît à l’extérieur, — et ne le peut faire que par agrégation. Le cas se trouve aussi chez les hommes ; — ceux dont les facultés d’intellect sont dans la torpeur ne disposent que de leurs pouvoirs physiques d’appropriation, et n’ont pour instrument que leur force musculaire. Le cas est analogue aussi pour les communautés purement agricoles : — l’épuisement continu du sol produit une nécessité d’approprier d’autres terres pour être épuisées à leur tour.

S’accroissant à l’intérieur, les communautés de haute organisation trouvent en elles-mêmes tous les moyens nécessaires pour augmenter et développer leur commerce domestique. — Voyez la France et tous les pays qui marchent dans sa voie, construire leurs routes eux-mêmes, créer leurs propres centres locaux, et se préparer ainsi pour une existence prospère, alors même qu’ils viendraient à être sevrés de relations avec le monde extérieur. — Les communautés purement agricoles, au contraire, telles que l’Irlande, l’Inde, le Portugal, la Turquie, le Brésil et le Mexique sont dans la nécessité d’aller chercher au dehors qui leur construira des routes ; — elles tombent de plus en plus, chaque année, dans la dépendance du commerce étranger et des trafiquants étrangers qui l’exercent.

C’est aussi la situation des États-Unis. Autrefois leur politique