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propriété fixée[1]. Ceci posé, nous pouvons chercher comment l’hypothèse opérerait. Tout le coton de la terre venant dans la Grande-Bretagne, toute l’étoffe de coton pour toute la terre en devrait sortir, tout cela payant à chaque mouvement une taxe sous une forme ou sous une autre, et par là, augmentant les revenus de tous les individus engagés dans le prélèvement des taxes du trafic, du transport et de la conversion, — et permettant au gouvernement anglais et à son peuple de dicter, même plus qu’aujourd’hui, les prix auxquels ils consentiraient à recevoir les denrées premières du producteur de coton, et vendre les utilités achevées au consommateur. Ces deux derniers seraient de plus en plus séparés, et chaque pas dans cette voie ne peut que conduire au déclin de civilisation et rapprocher de l’anarchie ; c’est là le point où tend la doctrine du laisser faire, et où doivent inévitablement arriver tous les peuples qui se laissent aller à la prendre pour guide.

M. Bastiat prétend que les tarifs protecteurs ne sont qu’une autre forme de communisme, — le gouvernement profitant de l’aide des douanes pour des fins de « nivellement et de spoliation[2]. » Ce n’est là qu’une de ces phrases dont nous parlions tout à l’heure, il suffit du plus léger examen pour reconnaître qu’elle est vide de sens. — Pourquoi la protection est-elle nécessaire ? Afin de permettre aux individus de tout âge et des deux sexes de combiner leurs efforts pour que le travail produise davantage. Contre quoi est-elle nécessaire ! Contre un système, qui, dit Adam Smith, cherche à étendre le marché pour les manufactures, « non par des améliorations chez lui, mais par la ruine des industries de tous ses voisins, et en mettant fin autant que possible à la fâcheuse concurrence de rivaux si odieux et si désagréables[3]. »

On nous parle cependant de l’introduction d’un nouveau système plus libéral, — un système plus en harmonie avec les opinions amendées du jour. Est-il vrai ? Pour répondre à cette question, nous pouvons consulter un document officiel récent dont nous avons déjà fait usage, il nous apprend que les capitalistes anglais se condamnent volontairement à « des pertes énormes, » dans le but de « détruire la concurrence étrangère, » et d’aborder et de con-

  1. Principles of Economy,
  2. Protection et communisme, p. 37.
  3. Smith. Wealth of Nations, liv. IV, ch. viii.