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ques et commerciales prend place dans les premiers temps de l’histoire d’Europe, et aussi dans les premiers temps des Romains. — La République était à un haut degré composée de corporations. Le peuple latin, dit M. Guizot, est une confédération des villes latines. Les Étrusques, les Samnites, les Sabins, les peuples de la grande Grèce sont tous dans le même état. Il n’y avait à cette époque point de campagnes, c’est-à-dire les campagnes ne ressemblant nullement à ce qui existe aujourd’hui ; elles étaient cultivées ; il le fallait bien, elles n’étaient pas peuplées. Les propriétaires des campagnes étaient les habitants des villes ; ils sortaient veiller à leurs propriétés rurales ; ils y entretenaient souvent un certain nombre d’esclaves, mais ce que nous appelons aujourd’hui les campagnes, cette population éparse, tantôt dans des habitations isolées, tantôt dans des villages, et qui couvre partout le sol, était un fait presque inconnu à l’ancienne Italie. » C’était de même en dehors de l’Italie, « L’histoire de la conquête du monde par Rome, c’est l’histoire de la conquête et de la fondation d’un bon nombre de cités[1]. » Bien que conquises, leurs privilèges furent cependant un long temps respectées, — la limitation de responsabilité de la part de leurs populations envers les fonctionnaires, et celle de ces derniers vis-à-vis du pouvoir central ayant été pleinement reconnue. La centralisation ayant progressé, ces limitations disparurent entièrement. — La taxation ne reconnut plus de borne que dans l’impuissance de payer, et les fonctionnaires municipaux étaient responsables pour le montant des sommes demandées, qu’elles fussent ou non recouvrées[2]. S’ils quittaient leur

  1. Histoire de la Civilisation en Europe, tome I, leçon 2.
  2. Les curiales ainsi enfermés de gré ou de force dans la curie, voici quelles étaient leurs fonctions et leurs charges :
      1o Administrer les affaires du municipe, ses dépenses et ses revenus, soit en allant dans la curie, soit en occupant les magistratures municipales. Dans cette situation, les curiales répondaient non-seulement de leur gestion individuelle, des besoins de la ville auxquels ils étaient tenus de pourvoir eux-mêmes, en cas d’insuffisance des revenus.
      2o Percevoir les impôts publics, aussi sous la responsabilité de leurs biens propres en cas de non recouvrement. Les terres soumises à l’impôt foncier et abandonnées par leurs possesseurs retombaient à la curie, qui était tenue d’en payer l’impôt jusqu’à ce qu’elle eût trouvé quelqu’un qui voulût s’en charger. Si elle ne trouvait personne, l’impôt de la terre abandonnée était réparti entre les autres propriétés. » Histoire de la Civilisation en Europe, tome II, leçon 2