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n’importe comment et où les hommes sont réunis ; — les êtres les plus désordonnés, les pirates de l’Océan, ne manquent jamais d’élire un chef, qu’ils investissent de l’autorité nécessaire pour maintenir la discipline parmi eux et pour garantir qu’il y a partage convenable du butin, tant pour les absents que pour les présents.

Le premier et le plus grand obstacle à l’association se trouvant dans la nécessité des déplacements, un des premiers besoins de l’homme est celui de routes. D’abord le sentier fournit les seuls moyens de communication, mais à mesure que la population augmente, le cheval de somme est substitué à l’homme, — et la valeur de celui-ci s’élève puisqu’il centralise en lui tout le pouvoir ainsi obtenu. Avec le temps on sent le besoin d’autres routes meilleures ; mais alors survient cette difficulté : que le propriétaire du cheval de somme, dans son ignorant égoïsme, s’oppose à leur construction car il croit que ses services et ceux de ses bêtes seront affaiblis dans leur pouvoir de commander la rémunération. Le fermier aussi fait de l’opposition, par la raison que la route coupera sa ferme, omettant entièrement ce fait que l’économie de transport doublera probablement la valeur-monnaie de sa propriété. Dans cet état de choses, la société intervient par sa tête, — décide les termes sous lesquels la terre devra être cédée pour cause d’utilité publique, et sous quels termes le propriétaire de la terre sera autorisé à user de la route. Plus tard, on sent le besoin des routes à barrière et des chemins de fer, mais, comment en l’absence d’une tête coordonnatrice, de telles voies pourraient-elles se faire ? Si chaque propriétaire, le long de la ligne, faisait sa portion, chacun voudrait en être propriétaire, — déterminant lui-même les charges pour l’usage et s’efforçant d’obtenir aux dépens de tous les autres la plus large part des droits de péage. Ici la société intervient de nouveau, — fixant les termes auxquels on prendra la terre et on réglera les péages, — créant en même temps un homme artificiel et autorisant la tête de ce corps ainsi créé à diriger les opérations.

Le besoin d’eau se fait sentir, — chacun est, pour le moment, obligé d’aller à la rivière, qui est loin, pour sa provision de chaque jour ; c’est dans une suite d’années une déperdition de plus de travail qu’il n’en faudrait pour amener la rivière à la porte de tout le