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gresser l’humanité en masse vers le bonheur et la prospérité. De toutes il n’en est aucune qui ait abusé du pouvoir mis en ses mains, avec moins de scrupule pour la ruine du bonheur et de la vie au dedans comme au dehors. — Aussi a-t-on été forcé de recourir à un manque d’harmonie dans la nature, quand on a essayé de prouver que Dieu s’est trompé dans son adaptation de l’offre des subsistances à l’accroissement de population.

§ 4. — Pour que l’éducation donnée dans les écoles devienne utile, il faut qu’existe la demande pour les facultés qui y sont développées. Pour qu’existe cette demande, il faut nécessairement la diversité dans les modes d’emploi. Pour l’existence de celle-ci, il est besoin de l’exercice du pouvoir de l’État.

Sur ce point, comme sur tous, l’Amérique est un pays de contrastes. — Une partie de l’Union interdit par les lois les plus sévères de donner de l’éducation à sa population de travailleurs, tandis que l’autre reconnaît pleinement le droit de tons à recevoir l’instruction, et le devoir attaché à la propriété de contribuer à ce que l’instruction puisse être acquise[1]. Dans l’une, la tentative d’enseigner est punie de la prison, comme violation des lois contre l’éducation ; tandis que dans l’autre il est peu de personnages tenus en plus haute considération que ceux qui ont le plus travaillé à mettre les moyens d’éducation à la portée de tous, l’orphelin et le criminel, l’enfant très-riche aussi bien que l’enfant le plus pauvre.

Le système de l’Union étant basé sur l’idée de décentralisation, les centres locaux tendent nécessairement à la dissémination générale d’établissements d’éducation en tout genre, depuis la bibliothèque élémentaire et la maison de refuge pour les jeunes détenus, jusqu’à la haute école et le collège. Cependant la centralisation fédérale tend à produire l’effet inverse, — en anéantissant les marchés locaux pour les produits de la terre et en poussant ainsi à l’abandon de la terre dans les vieux États. Il s’ensuit nécessairement que la population rurale diminuant, la faculté diminue d’entretenir }es écoles de village[2]. De grandes villes cependant se forment qui deviendront des mères-nourricières d’ignorance, de vice et de crimes, — la tendance dans cette direction étant ici, comme partout ailleurs, en raison de l’épuisement du sol et de l’expulsion de ses occupants. Chaque pas dans cette marche rétrograde est

  1. La ville de Boston, avec une population de 15.000 âmes en l’année 1856-7, consacrait au service d’éducation la somme de 335.000 dollars, employée à entretenir une université, un collège de latin, une école normale, soixante-dix de grammaire et deux cent quatre écoles primaires. Le chiffre d’étudiants et d’écoliers était 23.749. L’éducation coûte en moyenne 14 dollars 41 cents. — Dans la même année, la dépense pour le culte public a été 240.000 dollars.
  2. Voy. précéd., p. 336.