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tre ans, dit M. Kay, qui écrivait en 1850, le gouvernement prussien a fait une enquête générale dans tout le royaume pour constater le développement de l’éducation populaire. Sur toute la partie de la population ayant atteint l’âge de vingt et un ans, on n’a trouvé que le 2 p. % qui ne sût pas lire. Le fait m’a été communiqué par l’inspecteur général du royaume, »

Plus loin il dit : « La classe pauvre de ces pays lit beaucoup plus que la classe de nos pays qui sait et pourrait lire. Il est d’habitude générale en Allemagne et en Suisse, que quatre ou cinq familles ouvrières prennent ensemble un abonnement à une ou deux de ces publications qui paraissent une ou deux fois par semaine.

« Dans les villes, continue-t-il, où les classes les plus pauvres ont encore plus d’intelligence que celles de la campagne, le pauvre se procure des livres aussi facilement que des journaux. La classe pauvre des villes d’Allemagne et de Suisse lit donc beaucoup. Des oreilles anglaises m’écouteront avec quelque disposition à l’incrédulité, quand je leur apprendrai combien les pauvres de ces villes trouvent d’amusement et d’instruction dans leurs heures de loisir et pendant les longues soirées d’hiver. Je tiens du docteur Bruggeman, le conseiller catholique du conseil d’éducation à Berlin et de quelques professeurs et autres personnes que la classe la plus pauvre des villes connaît non-seulement les chefs-d’œuvre de la littérature allemande, mais les traductions des œuvres de sir Walter Scott, et d’autres nouvellistes et écrivains étrangers.

« Je me rappelle qu’un jour, à la promenade auprès de Berlin, en compagnie de M. Hintz, un professeur au collège normal du docteur Diesterweg, et d’un autre professeur, nous vîmes une pauvre femme qui ramassait sur la route du bois mort pour sa provision d’hiver. Mes compagnons me la montrent et me disent : Peut-être aurez-vous peine à croire que dans les environs de Berlin, les pauvres femmes, comme celle-ci, lisent les traductions des romans de Walter Scott et les livres les plus intéressants de votre langue, outre les chefs-d’œuvre de la littérature allemande. Cela me fut confirmé depuis par plusieurs autres personnes.

« Souvent et souvent j’ai vu de pauvres cochers de louage de Berlin, tout en attendant la pratique, s’amuser à lire quelque livre allemand acheté le matin pour fournir au plaisir et à l’occupation de leurs heures d’attente.