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possible allégé par des inventions mécaniques[1]. Dans nulle partie de l’union, néanmoins, elle n’a autant d’avantage que dans le Massachusetts, où un territoire stérile a été grâce à des débouchés contigus, rendu apte à donner des rendements plus considérables que les riches sols des prairies de l’Ouest, dont les produits sont absorbés par les frais de transport.

Cependant la centralisation gagne du terrain chaque jour, et avec elle s’accroît la tendance à ce que le monde de l’Ouest soit envahi par tous les maux qui ont été engendrés en Angleterre. L’épuisement du sol des autre États chasse les hommes, qui laissent derrière eux les femmes sans appui, cherchant à vivre comme elles peuvent. Les manufactures tombent, et il y a diminution constante dans la demande de l’adresse et du goût de la femme, et tendance correspondante à ce qu’elle soit forcée d’aller au loin, dans des villes, chercher le travail qu’elle ne trouve plus au pays. La concurrence pour la vente du travail de la femme augmente donc constamment ; — elles dépérissent par milliers sur le travail à tout prix[2]. Regardez n’importe où dans l’Union, vous trouverez la preuve évidente que la liberté pour l’homme et pour la femme marche de compagnie avec la diversité dans la demande des pouvoirs humains, — l’esclavage et son cortège de maux étant une conséquence nécessaire de ces mêmes pouvoirs, limités au seul travail rural. La politique américaine actuelle tend dans cette dernière direction ; aussi le crime et la prostitution augmentent vite[3].

  1. « L’esprit inventif du peuple de la Nouvelle-Angleterre se déploie dans la production de machines propres à économiser le temps et le travail de leurs femmes. » Chevalier.
  2. « On aurait peine à croire combien peu se paye la journée de travail des femmes et quelle somme de travail on exige d’elles dans cette journée, si les plus fortes preuves n’étaient là. Et même le travail intelligent de modistes, de couturières, est très-peu rémunéré. Celles qui n’ont exactement que le travail de coudre ne gagnent pas de quoi se procurer, même avec la plus grande économie, le strict nécessaire pour vivre. Nous avons connu, dans notre propre ville, des femmes employées à faire de grosses chemises à quatorze cents de façon. En cousant sans s’arrêter tout un jour, elles arrivaient au plus à en faire deux. À travailler six jours de la semaine, elles ne gagnaient pas plus d’un dollar et demi. La-dessus il fallait s’habiller, se nourrir et se loger. Et encore ce n’était qu’une ressource occasionnelle et précaire, on ne pouvait compter sur ce travail ingrat, quoiqu’il donnât si peu. » New-York Tribune,
  3. « Quelle est la situation des femmes qui vivent de l’aiguille ? Bien pire que celle d’une servante. Et en général la situation de modiste ou de couturière n’est pas