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Il y pourra suivre le changement gradué de la condition de la femme, à mesure qu’il va de la région des terres non divisées et des hommes à l’état errant, sur la gauche, — vers celle des terres divisées et des demeures cultivées, sur la droite.

Regardez dans quel sens il vous plaira, vous trouverez une nouvelle preuve que le rapprochement entre les prix des denrées premières et des utilités achevées, et sa conséquence, la valeur plus élevée de l’homme et de la terre, sont les marques les plus certaines d’une civilisation qui progresse. À chaque degré de rapprochement, la proportion de la classe des intermédiaires, soit soldats ou marins, négociants ou hommes politiques, diminue en même temps que décroît son pouvoir de contrôler et de diriger le mouvement sociétaire. À chaque degré, la circulation s’accélère, — l’agriculture tend davantage à devenir une science, — et la femme tend davantage à occuper sa propre place, celle de premier et plus cher objet d’affection, — qui stimule l’activité de l’homme, qui double ses joies, et qui est toujours prêt à le consoler dans ses chagrins[1]. Si nous résonnons a priori, c’est là l’effet nécessaire que doit produire sur l’avenir de la femme la proportion abaissée des classes qui ne vivent que d’appropriation, abaissement qui suit

  1. On peut cependant objecter que les premiers âges de société nous présentent des femmes occupant une position plus élevée que celle que nous leur donnons ici, par exemple : Sémiramis, Boadicée, Frédégonde et d’autres. L’inégalité n’en est pas moins la conséquence constante du barbarisme et du semi-barbarisme. Le sexe en masse occupe, à ces époques, une position très-peu au-dessus, si même elle l’est aucunement, de celle de l’esclave noir d’aujourd’hui.