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veloppe le pouvoir d’association, l’augmentation l’augmentation survient dans l’offre de subsistances, de vêtements, de maisons et de toutes les autres utilités et objets pour l’entretien et te confort de l’homme. Partout au contraire où il s’affaiblit, il y a diminution constante de tout cela, — la valeur de l’homme baisse et il devient de plus en plus l’esclave de la nature et de ses semblables. Cela étant, la cause de la grande difficulté semblerait être dans l’homme lui-même, et non dans aucune fatalité du plan de la création dans laquelle il lui a été assigné un rang si élevé.

§ 3. — M. Malthus donne des faits et appelle cela une science. La science demande des principes, — elle pose des questions : pourquoi les choses sont-elles ainsi ? Insuccès de M. Malthus pour établir « une grande casse » des divers faits observés. La cause et l’effet changent constamment de rôle dans son livre. Son principe de population est une pure forme de mots pour indiquer l’existence d’un fait purement imaginaire.

En admettant néanmoins, pour un moment que les lois soient comme le prétend M. Malthus, — que la population a dans tous les pays exercé une pression sur la subsistance, nous n’aurions fait encore qu’un bien petit pas vers la vérité scientifique, — car la science s’enquiert toujours du pourquoi des choses[1]. Pendant des milliers d’années on avait remarqué que les pommes tombaient à terre ; il était réservé à Newton de répondre à la question : Pourquoi les pommes tombent-elles ? La science demandait alors et elle demande aujourd’hui : « Pourquoi les subsistances ne peuvent-elles marcher du même pas que la population ? Quelle est la grande cause, la cause finale, de la difficulté ? Se trouve-t-elle dans l’inhabileté de l’homme à demander à la terre, — ou dans l’impuissance de la terre de faire honneur aux mandats qu’on tire sur elle ? Est-il vrai ? peut-il être vrai ? qu’avec l’augmentation de population et de richesse, un temps arrive ce où chaque augmentation de production s’obtient par une proportion plus élevée de travail appliqué à la terre, » — l’homme devenant

  1. Les principes sont vérités antérieures à tous les faits ou actions, et sont eux-mêmes non-faits. Ils existent dans une immuable et éternelle nécessité ; et tandis qu’ils règlent la condition de toute force, aucune force ne peut rien sur eux. L’omnipotence elle-même n’est sagesse et justice qu’en vertu de principes immuables. Le regard de la raison peut souvent découvrir dans le fait le principe qui détermine la nature du fait ; et dans la lumière d’un tel principe, nous pouvons voir pourquoi le fait et non simplement que le fait est.
      « La perception du sens donne les faits ; le regard de la raison donne les principes. En se servant des faits, l’esprit peut aller des jugements particuliers aux généraux, ce qui nous permet de classer tout ce qui est acquis par les sens, et d’assurer un ordre intelligible d’expérience ; les principes servent à guider l’esprit dans l’interprétation et l’explication des faits, et son savoir s’élève de l’expérience logique à la science philosophique. Ce ne sont point des faits seuls, ni des matières, bien que logiquement classées, mais des faits éclaircis par des principes, qui constituent une philosophie. » Hickock. Rational Cosmologie, p. 18.