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des États-Unis, elle ne l’a pas dû à la quantité considérable de terre sur laquelle elle a été dispersée. Dans tous les autres pays, les hommes ont été le plus pauvres alors qu’ils avaient plus de terre à leur disposition, et alors qu’ils avaient en apparence le plus à choisir entre les sols de qualité supérieure et ceux de qualité moindre. La terre fertile, non exploitée, abondait à l’époque des Édouard, et pourtant les subsistances s’obtenaient plus difficilement qu’aujourd’hui. Au Mexique, la terre abonde beaucoup plus qu’aux États-Unis, et pourtant les denrées sont de qualité inférieure et coûtent beaucoup plus de travail à obtenir. — Le total de la production agricole dans ce pays, qui compte une population de huit millions d’âmes, reste au-dessous du chiffre de la production d’un seul des États américains. La terre est plus abondante en Russie, à Ceylan, à Buenos-Ayres, au Brésil, et pourtant on fait là peu de progrès. Elle était plus abondante en France, à l’époque de Louis XV, qu’aujourd’hui, et pourtant on y mourait alors « comme les mouches en automne ; » au lieu qu’aujourd’hui on y est bien nourri et bien vêtu.

La prospérité vient avec la diversité dans la demande des efforts humains, — avec le développement du pouvoir de l’homme, — avec l’accroissement du pouvoir d’association, — avec la division de la terre, — avec la concurrence pour l’achat du travail, — chaque pas dans cette voie conduisant à accroître la faculté pour le travailleur de décider lui-même s’il ira à l’étranger ou s’il restera au pays ; tout en diminuant la nécessité d’aller à l’étranger chercher la subsistance et le vêtement qui lui sont refusés au pays.

    Les chevaux, les cochons, les moutons disparaissent ! Cela vient de ce que les bras manquent pour semer et moissonner ou soigner le bétail ; parce qu’il n’y a ni laboureurs ni bergers ; parce qu’une législation perverse a fait son possible, depuis plusieurs années, pour couvrir nos campagnes de désolation, dans le but de permettre à un ou deux cents propriétaires d’usines d’emplir leurs poches. Donnez-nous d’abord du travail, nous parlerons alors de collèges. » — New-York. Evening Post.
      Il y a onze ans, on évaluait la quantité de subsistances exportées à 68 millions de dollars ; et alors la production de fer et d’étoffe prenait un développement rapide. Depuis, la politique du pays a été dirigée par des hommes qui professent la même opinion que l’auteur du paragraphe cité. Dans ce laps de temps, la population a augmenté de plus de 8.000.000 d’âmes ; le chiffre des individus employés dans les grandes branches de l’industrie fabricante a diminué ; la production d’étoffe et de fer a beaucoup décliné, et l’épuisement des fermes et des fermiers nous fournit une nouvelle preuve du grand fait : qu’il n’y a point d’agriculture réelle en l’absence des manufactures.