Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/343

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment qu’ils ne pouvaient plus obtenir sur la terre natale[1]. Sous cette idée le monde a vu l’anéantissement des centres locaux de l’Inde suivie d’une somme de désastre telle que les annales du commerce n’en offrent point d’autre exemple[2]. Sous cette idée l’industrie asiatique, de Smyrne à Canton, de Madras à Samarcand, a été tellement ébranlée, nous apprend M. Mac Culloch, qu’il n’est pas à croire qu’elle se relève jamais, — on en voit le résultat dans l’immense exportation de travailleurs hindous pour Maurice, et de coolies chinois pour Cuba et Bemerara. Sous cette idée, près de deux millions de noirs ont été transportés aux Indes occidentales anglaises, et les deux tiers avaient disparu sans laisser de descendances avant que passât le bill d’émancipation[3]. Sous cette idée la population de Turquie et de Portugal va diminuant, — les centres locaux disparaissent, — la terre perd sa valeur, — et le pouvoir de production s’affaiblit d’année en année[4]. Sous cette idée, le Canada s’est vu privé de tout pouvoir de diversifier son industrie, et aujourd’hui il présente des masses de population qui ne trouvent aucunement à vendre leur travail ; — son pouvoir d’attraction, comme correctif des maux qui naissent de la centralisation transatlantique, a par conséquent entièrement cessé. Sous cette idée, la Chine a été tellement inondée d’opium que la voie est pavée pour introduire dans ce pays le système d’épuisement qui a ruiné l’Inde[5]

  1. « Puissent la prospérité et le bonheur régner quelque jour sur cette île si belle. Puissent son sol fertile, ses rivières, ses lacs, ses chûtes d’eau, ses minéraux et tous les autres matériaux pour les besoins et le luxe de l’homme, être un jour développés. Mais toutes les apparences sont contre la croyance que ce jour soit marqué parmi les jours du Celte. Cette tribu doit bientôt se soumettre à la grande loi de la Providence, qui semble enjoindre et récompenser l’union des races. Elle doit se fondre avec les Anglo-Américains et cesser de former un peuple jaloux et séparé. Sa place actuelle doit être occupée par la race plus mélangée, plus docile, plus serviable, qui a longtemps subi le joug de l’insolente industrie dans cette île, qui ne peut accepter un maître et obéir à la loi. Et ceci n’est plus un rêve, c’est un fait dont l’accomplissement se manifeste de jour en jour davantage. » — London Times.
  2. Voy. précéd. vol. I, p. 399.
  3. Voy. précéd. vol. I, p. 339.
  4. Voy. précéd. vol. I, p. 351, 355.
  5. Depuis l’extension du marché pour les produits de l’Inde, on calcule l’augmentation de la mortalité en Chine à 400, 000 têtes par année. Pour montrer de quel œil ce commerce est regardé dans l’Inde elle-même par des hommes chrétiens, il suffira