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agissent sur d’autres points ; celles-ci exercent un appel sur les membres de la société jeunes et entreprenants, — et les attirent, des riches sols du centre, à des sols plus pauvres qui sont plus loin. Plus tard de nouveaux bourgs se fondent, on fait de nouvelles routes, — ce qui donne de la valeur à d’autres terres et contrebalance de nouveau l’attraction de la cité centrale ; les membres les plus jeunes et les plus pauvres de la société trouvant, sur ces terres moins chères et dans ces bourgs plus petits, l’emploi pour leurs faibles moyens, ce qui ne serait point aussi facile dans la grande cité ou sur les sols riches. Grâce à d’autres accroissements de richesse et de population, la grande cité grandit encore, tandis que néanmoins son attraction est contrebalancée par d’autres attractions incidentes : ouvertures de mines, constructions de fabriques, création de bourgs dans d’autres parties de l’État. L’homme se trouve ainsi toujours soumis aux mêmes grandes forces qui maintiennent l’ordre du système solaire. — Son progrès vers la civilisation est toujours en raison de l’intensité des forces d’attraction et de contre-attraction qui agissent sur lui[1]. Plus cette intensité est énergique, plus s’accélère la circulation sociétaire, — plus il y a concurrence pour l’achat du travail, et des produits du travail, « et plus forte est la tendance au développement des facultés humaines et à ce que se produise l’homme véritable, distinct de l’homme purement animal dont traitent les livres Ricardo-Malthusiens.

Qu’une petite cabane s’élève dans la forêt vieille, c’est un attrait puissant pour qu’un autre settler vienne planter la sienne tout auprès. Si, à la cabane se joint la possession d’une charrue et d’un cheval, l’attraction est bien plus forte, la réunion des deux settlers en attire d’autres sur le même point ; — la force d’attraction augmentant dans une proportion géométrique, à mesure que les hommes, les charrues et les chevaux augmentent dans une proportion arithmétique. Population et richesse augmentant, la maison commune apparaît, — l’église et l’école s’y adjoignent et l’influence se fait sentir au loin, — influence qui va décroissant en raison de la distance, jusqu’à ce qu’elle disparaisse devant les contre-attractions d’un autre établissement. Telle est, de nos jours, la marche des choses dans tous les pays d’Amérique nouvellement

  1. Voy. précéd. vol. II, p. 272.