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CHAPITRE XLVII.

DES SUBSISTANCES ET DE LA POPULATION.

§ 1. — La population tire ses subsistances des sols riches — la dépopulation ramène aux sols pauvres. La régularité croissante dans l’approvisionnement des nécessités de la vie, conséquence de la demande croissante d’une population qui croît en nombre et en pouvoir. Une moindre déperdition de force humaine résulte de l’approvisionnement plus abondant des subsistances.

Le développement de l’homme implique la nécessité du développement de subsistance. Pour que les subsistances augmentent, il faut que l’homme se multiplie. — Ce n’est que par l’accroissement du pouvoir d’association et de combinaison que l’homme est en mesure de dominer et diriger les pouvoirs de la terre et de passer de la condition d’esclave de la nature à celle de maître de la nature. La population tire la subsistance des sols riches avec une plus forte rémunération du travail ; la dépopulation renvoie l’homme aux sols pauvres, avec un déclin de l’aptitude à se procurer l’approvisionnement nécessaire de subsistance et de vêtement.

Crusoé ne dispose d’abord que de son pouvoir personnel d’appropriation ; il n’obtient de subsistance que ce que la nature veut bien lui en offrir. Avec le temps, cependant, il acquiert un peu de pouvoir, il est en mesure de forcer la nature à travailler pour lui. — L’approvisionnement de subsistance devient plus régulier, — il devient lui-même plus indépendant des caprices des saisons, — il y a diminution de la demande de ses forces.

Le sauvage des prairies, au contraire, éprouve que l’approvisionnement des buffles et des chiens de prairies diminue chaque année, qu’il lui faut constamment se donner plus de fatigue à mesure que diminue constamment l’offre de subsistance. Il ne faut pas moins de huit livres de viande par jour au trapper, et pourtant il arrive souvent au pauvre sauvage qu’après des journées