guinées par acre pour une pièce de terre et que ce soit plus que la rente d’une autre pièce, il se fie à la chance, à l’événement, à de bons prix sur le marché, à de vieilles aubaines d’un travail casuel, un travail d’été ou de moisson au dehors ; — bref, il ne sait trop à quoi, car le voici placé dans une fausse position, le voilà comptant sur les chances du marché, sur des succès et des profits mercantiles, tout autant que sur son industrie et sur son habileté dans sa petite ferme[1]. »
Consultez les documents publiés à toutes les époques sur la condition de ce pays où une population entière a été si longtemps « dépérissant par millions, » vous y trouverez la preuve de ce fait : que ceux qui ont une propriété, ne fût-ce que de 10 livres sterling, sont prévoyants sur la question de contracter mariage, tandis que ceux qui n’ont absolument rien se marient sans la moindre hésitation. Néanmoins, feuilletez les économistes modernes, vous y trouverez :
« La condition basse et dégradée dans laquelle le peuple irlandais est aujourd’hui plongé est la condition à laquelle sera réduit tout pays où la population, pendant une période considérable, s’accroîtra plus vite que les moyens de fournir à une subsistance confortable et décente[2]. »
La proposition pourrait se poser autrement, — en attribuant la condition de la population à ce fait qu’il y a eu obstacle à ce que s’établisse la combinaison qui rend le travail productif, et augmente la quantité de ces utilités et objets qui leur eussent assuré « une subsistance confortable et décente. » De l’autre côté du canal, M. Mac-Culloch a, en face de lui, un pays, — la Belgique, — où une population beaucoup plus compacte progresse rapidement en production et en civilisation, bien que son territoire ait été dans le principe l’un des plus pauvres de l’Europe, tandis que l’Irlande a été remarquable par sa fertilité. Et même, sans quitter l’Angleterre, il aurait trouvé une population presque aussi compacte à laquelle il est disposé à attribuer la prééminence dans les arts et dans les armes. Pourquoi cette différence ? pourquoi le peuple d’Irlande va-t-il s’éteignant, tandis que celui de Belgique prospère ? Parce que ceux qui dirigent le premier ont cherché à