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sont les principaux phénomènes sur lesquels s’appuient ceux qui cherchent à démontrer l’existence d’un désaccord originel entre les lois de la fécondité humaine et la capacité de la terre pour l’accommodation de la race humaine.

Que la population des sociétés à leur début souffre de la faim, c’est un fait bien établi ; que le peuple des travailleurs de la plupart des sociétés des temps modernes soit dans une situation à peu près semblable, on n’en peut douter. Ces faits observés, on en a fait le sujet d’une formule scientifique qui serait celle-ci : l’homme tend à se multiplier en une proportion géométrique, tandis que la subsistance, même dans les circonstances les plus favorables, ne peut s’accroître que dans la proportion arithmétique. La population croit donc croît vingt-huit fois, tandis que la subsistance ne croit que huit fois ; — la pauvreté et le dénuement sont les résultats nécessaires.

Ces résultats nettement établis par des chiffres, la déperdition de vie mentionnée par l’histoire était inévitable, — la terre étant incapable de nourrir ou même de porter à sa surface les myriades de la plus noble de ses races, s’il était permis à celle-ci d’atteindre une maturité même raisonnable. Une catastrophe est donc sans cesse imminente. — Le danger auquel expose l’erreur du créateur ne peut être prévenu que par « les obstacles positifs » de la guerre, de la famine, de la peste, à l’aide desquels le mal est providentiellement distribué par accommodation en atermoiements de ruine, répartis sur le cours des choses mal dirigé et mal conduit.

Des faits, des chiffres, une philosophie aussi effrayants ne peuvent être acceptés sans discussion. Sont-ils vrais ? Y a-t-il aucune possibilité qu’ils le soient ? Est-ce la fécondité de l’espèce, ainsi observée à son plus haut degré qui est la loi du sujet ?

Une loi, pour baser notre argumentation, peut se définir une règle permanente, uniforme et universelle dans son action ; — nous mettant à même, dans tous les cas, de raisonner des effets aux causes et des causes aux effets ; et la théorie doit avoir cette force et cet effet dans la doctrine que nous examinons, ou elle n’en peut avoir aucun. A-t-elle une telle universalité ? En réponse à la question, le lecteur n’a besoin que de promener son regard sur le monde. — Il trouve dans certaines parties que la marche d’accroissement est lente, dans d’autres qu’elle est rapide, tandis