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une harmonie si parfaite, il ait de dessein préconçu, soumis l’homme, le maître, le directeur de tout, à des lois qui ne peuvent avoir d’autres effets que de produire un désaccord universel ? Se peut-il qu’en même temps qu’il fournit partout ailleurs la manifestation évidente de l’union en lui des qualités de science universelle, de justice parfaite, de miséricorde inépuisable, il ait ici, — quand il s’agissait de son dernier et plus grand ouvrage, — il ait pris un caractère tout à fait contraire ? Même dans l’homme, la véritable grandeur est toujours conséquence, toujours harmonie avec elle-même. Se peut-il qu’après avoir donné à l’homme toutes les facultés nécessaires pour acquérir la domination sur la nature, il soit entré dans son dessein de le soumettre à des lois absolues et irrévocables, en vertu desquelles il doive devenir inévitablement l’esclave de la nature ?

§ 2. — La science physique atteste que l’ordre, l’harmonie et l’adaptation réciproque régissent tous les règnes qu’elle a encore explorés. Les économistes modernes ont pris des faits pour des lois. Les lois sont règles permanentes, uniformes et universelles dans leur action. La théorie de M. Malthus manque de tous ces caractères. La fonction procréatrice, en commun avec toutes les autres, est placée sous la loi de circonstances et de conditions. La loi de la vie humaine doit être en harmonie avec le dessein du Créateur. La guerre et la pestilence sont-elles nécessaires pour corriger les erreurs du Créateur, ou le Créateur a-t-il, à la tendance à procréer, adapté les moyens de corriger la faute de l’homme ? Il n’y a pas dans la nature d’exemple que les lois du sujet rompent l’harmonie du plan de la création. Ce n’est pas l’ordre divin, mais le désordre de l’homme qui limite sa vie sur la terre dans la période d’utilité et de jouissance.

La science physique, dans toutes les branches de son domaine où elle a pu fournir la démonstration de la vérité de ses découvertes, atteste cet ordre, cette harmonie, cet ajustement réciproque qui règne parmi les éléments et dans tous les mouvements qu’elle a encore explorés. Dans tous les règnes de l’histoire naturelle cultivés avec tant de succès, la convenance des conditions, la cohérence des parties, l’unité de dessein, fournissent l’évidence logique que l’univers est un en système, un en action, un en but. Arrivés cependant à l’histoire de l’homme, nous voyons des faiseurs de théories violer les analogies de la raison et imaginer des désaccords précisément sur le point, entre tous les autres, où les harmonies de création doivent se rencontrer, et où, si c’est quelque part, la sagesse et la bienfaisance du Créateur doivent se justifier d’elles-mêmes en montrant la plus haute perfection d’ajustement régulier.

L’énorme erreur qui existe si évidemment remonte à une source commune de philosophie fausse dans toutes ses idées et formules, dans la mauvaise conception des faits et de leurs dépendances apparentes et des lois qui les régissent. Les dispersions des anciennes populations, leurs fréquentes invasions des territoires d’autres tribus ou nations, — le flot constant d’émigrants des vieilles contrées dans les temps modernes, — et la mort de la moitié des habitants des régions où la population est compacte, avant leur arrivée même à la moitié du terme assigné de la vie humaine, —