CHAPITRE XLVI.
DE LA POPULATION.
« Croissez et multipliez, a dit le Seigneur, remplissez et soumettez-vous la terre. »
Pour la soumettre, il faut que l’homme multiplie et croisse ; — car ce n’est pas par l’association et la combinaison avec ses semblables qu’il acquiert le pouvoir de guider et d’approprier à son service les forces de la nature. C’est alors qu’en obéissant à l’ordre de Dieu, la matière tend de plus en plus à revêtir la forme humaine, — passant des simples formes de l’argile et du sable par celles plus complexes que nous présentent les règnes végétal et animal, et aboutissant à celles complexes par excellence qui composent les os, les muscles et le cerveau de l’homme.
La tendance à prendre les formes diverses de la vie est la plus grande au point le plus infime de l’organisation ; — au bout d’une semaine, la reproduction des êtres microscopiques se compte par millions, si ce n’est par billions ; tandis que, chez la baleine et chez l’éléphant, la gestation est longue et donne rarement plus d’un petit. Ce sont là les extrêmes, mais la règle est la même à chaque degré de l’échelle, du polype corail à la fourmi, et de la fourmi à l’éléphant, — d’où se tire la loi : que la fécondité et le développement sont en raison inverse l’une de l’autre. En vertu de cette loi constatée et certaine, l’homme, qui est « le chapiteau, le couronnement de l’édifice de toutes choses, » doit croître moins