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rement jusqu’à ce que de 10.000 qu’il était en 1825, il arrive, en 1834, à 65.000. Ensuite il devient très-irrégulier, — s’élevant ou s’abaissant après les différentes périodes d’excitement ou de dépression qui ont caractérisé cette époque, mais donnant, pour les huit années qui Unissent en 1842, une moyenne qui ne dépasse pas 70.000, c’est-à-dire très-peu d’augmentation. Il monte de nouveau rapidement ; en 1847, il est déjà parvenu à 235.000 ; — il arriva à 297.000 en 1849. Dans les années suivantes, la soif de l’or californien a été un stimulant pour qu’il montât ; mais il est tombé aujourd’hui un peu au-dessous de 100.000[1].

§ 7. — Accroissement de concurrence pour la vente des denrées premières dans tous les pays exclusivement agricoles. Accroissement de concurrence pour leur achat dans les pays protégés de l’Europe.

Les hommes qui produisent le coton sont partout trop pauvres pour faire concurrence aux autres pour son achat : — l’Indou en est réduit à se vêtir moins que n’exige la décence la plus indulgente et l’esclave de la Caroline doit se contenter de la quantité insignifiante d’étoffe que son maître lui accorde. Pourquoi ? Parce que la prohibition dans l’Inde de l’usage des machines, et les insuccès répétés des tentatives faites pour les introduire dans les États du Sud, ont forcé les producteurs de coton du monde entier à se faire concurrence pour la vente de leurs produits, sur un marché lointain, avec un abaissement constant et nécessaire du prix.

Il en est de même pour la nourriture. Les deux producteurs de riz de l’Inde et de la Caroline obtiennent à peine à manger, et, comme les deux producteurs de coton, se trouvent forcés de se faire concurrence pour la vente du peu qu’ils ont à vendre. Le trafiquant vise à produire la concurrence pour la vente de tout ce qui est matière première pour les manufactures : nourriture, coton et travail ; — plus cette concurrence est grande, plus il peut prélever pour sa part et plus il fait de profits.

De même pour le blé. — Le prix du blé américain est à baisse continue depuis quarante ans[2]. Pourquoi ? Parce que l’inhabileté à créer à la terre un marché domestique ou voisin, fait une néces-

  1. Dans toutes les opérations dont traite la science sociale, le temps est un élément de grande importance ; mais on en peut dire autant de l’immigration. La demande de travail d’une année produit l’offre dans les années suivantes, ce qui explique comment la moyenne des années de 1835 à 1842 excède de peu le chiffre de l’année 1834. La baisse des salaires n’arrête pas l’immigration dans l’année où elle a lieu, mais dans les suivantes, ce qui explique le chiffre en 1843, inférieur à ceux de 1841 et 1842.
  2. Voyez précéd., vol. II.