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§ 5. — Effet de la centralisation négociante sur la condition du peuple anglais.

Cependant on nous assure que le bas prix des matières premières est indispensable à la prospérité du peuple anglais. Dans ce cas, que devient l’harmonie des intérêts ? — car le bas prix des matières premières marche toujours de compagnie avec la barbarie, l’esclavage et la terre sans valeur. Comme preuve qu’il y a là erreur, c’est qu’à côté des avocats du système qui tient le bas prix du travail comme essentiel au maintien des manufactures anglaises, des personnages éminents de cette nation déroulent sous nos yeux des tableaux de vice, de crime et de dégradation » dont le monde n’offre point d’exemple ailleurs[1].

Bas prix du travail et bas prix des matières premières, signifie simplement barbarie, — car ils sont un résultat naturel de l’absence de concurrence pour acheter ces deux choses, qui résulte d’une production peu abondante. La production décline en Angleterre, et voilà pourquoi un voyageur, des plus philanthropes, après avoir étudié avec soin ce pays, arrive à s’exprimer ainsi : « On a beaucoup fait dans ce pays pour les classes inférieures, et l’on s’y est pris de la plus noble manière ; — on a fait appel à la sympathie humaine, aux efforts patients, aux généreux sacrifices, — et vous ne pouvez vous défendre de cette réflexion, qu’on s’est mis à l’œuvre trop tard. »

« Ce n’est pas seulement, continue-t-il, parce que vous passez dans des rues sales, qui fourmillent d’hommes et de femmes misérables et perdus de vices, occupés à tramer de vieilles roueries de

    l’anéantissement de la nation irlandaise, la disparition totale des millions de nègres qui devraient se trouver dans les colonies insulaires anglaises, la conversion de millions de petits propriétaires de l’Inde en simples travailleurs, le peuple anglais se regarde comme le protecteur spécial de ceux de Grèce et d’Italie, — bien qu’il n’entretienne de colonies que dans un seul but, celui d’empêcher cette combinaison d’action sans laquelle la liberté ne peut être acquise, ni maintenue. — Le peuple américain applaudit aux révolutions étrangères comme conduisant à la liberté, en même temps qu’il suit une politique qui tend à produire l’esclavage au dehors, — et que toute l’activité du gouvernement fédéral tend à rétablir, par toute l’Union, le droit d’acheter des hommes, des femmes et des enfants. Avocats exclusifs de la liberté, le peuple anglais et le peuple américain sont toujours prêts à patronner les perturbateurs de la paix publique à l’étranger, — le trouble finissant par être profitable an trafic. Tous les deux applaudissent en ce moment à la liberté qui progresse à Neufchâtel, — singulier progrès qui se manifeste par l’établissement de lourds impôts indirects, tandis que jusqu’alors les dépenses de l’État s’étaient acquittées par des impôts directs, et par conséquent légers.

  1. Voyez précéd., vol. I.