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opposés, — car il y a la plus complète harmonie entre les intérêts nationaux réels et permanents.

§ 4. — La centralisation trafiquante tend à produire concurrence pour la vente des denrées premières et du travail. Elle est par conséquent contraire à ce que l’homme et la terre gagnent en valeur. L’arrêt de circulation est le mode qui produit l’effet désiré. Comment la centralisation opère dans les contrées de libre-échange.

La centralisation tendant, comme elle fait, à produire la concurrence pour la vente du travail, est hostile à la liberté de l’homme. Comme elle est de deux sortes, la politique et la trafiquante, il est essentiel de les distinguer, et cela avec le plus grand soin. Le souverain qui désire centraliser le pouvoir dans sa personne, impose de lourdes taxes ; mais, au-delà de l’intervention nécessaire pour les percevoir et de la faculté de les dépenser, il n’y a pour lui aucun avantage dans toute mesure tendant à affaiblir le pouvoir d’association parmi ses sujets. Au contraire, il est désirable pour lui que leur travail devienne productif ; ils en seront plus aptes à contribuer au revenu public. En lui abandonnant le soin du gouvernement, il leur reste de pouvoir combiner des entreprises pacifiques ; — sa puissance s’accroît à mesure que la circulation s’accélère et que la production augmente. Excepté sur certains points, ses intérêts et ceux de ses sujets sont les mêmes et ne forment qu’un ; ce qui explique comment nous voyons, chez quelques-unes des nations de l’Europe soumises au despotisme, tant d’efforts persévérants pour faciliter tout mouvement qui tende à développer la concurrence pour l’achat des services du travailleur, et pour les denrées premières de sa ferme.

La centralisation trafiquante est précisément l’inverse ; son principal objet est cet arrêt de la circulation qui, dans la centralisation politique, n’est qu’un résultat accidentel. Le trafiquant désire tenir les populations séparées les unes des autres, et créer ainsi une nécessité pour de nombreux changements de lieu et de mains, à chacun desquels leur production puisse être taxée.

Le souverain gagne en puissance à la diversité croissante des professions, — au développement des facultés humaines, — à la proportion élevée du capital fixé, — et à l’accroissement de richesse.

Le trafiquant gagne en puissance à la nécessité croissante de circonscrire les professions, — de les parquer, — à l’élévation de la proportion de propriété mobile, — au rapetissement des facultés humaines, — à l’invasion croissante de la pauvreté et de la misère parmi ses esclaves. De toutes les formes de l’esclavage, la plus torturante, la plus épuisante est celle qu’impose la domination trafiquante préoccupée de la pensée d’annihiler la concurrence