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sans qu’on recourût à la corvée, ou travail exigé, comme c’était l’usage dans le royaume, — et elle ajouta que « si le roi voulait accorder la permission, les États feraient davantage ; ils amélioreraient les chemins vicinaux qui affectent tant d’autres intérêts. » — Le roi, disent les rédacteurs du mémoire, n’a rien à dépenser pour l’établissement de maisons de travail dans le Languedoc, comme il a dû le faire dans le reste de la France. Nous ne demandons pas de faveur de ce genre. — Les travaux d’utilité publique que nous entreprenons nous-mêmes en tiennent lieu et alimentent une demande rémunératrice pour tout notre travail[1]. »

Le contraire se voyait dans presque toutes les autres provinces ; l’arbitraire y précédant à la répartition et à la levée de la taille ; et cette taille variant sans cesse selon que variaient les ressources de ceux qui devaient l’acquitter[2]. Aussi l’on n’y construisait point de routes, on y connaissait à peine la propriété fixée, et les bras demeuraient sans emploi.

La concentration vise au développement des facultés de tous, — et par là met tous et chacun à même de faire concurrence pour acheter les services de tout ce qui les entoure. La centralisation vise à augmenter le pouvoir de ceux qui sont déjà riches aux dépens de ceux qui sont pauvres, — et par là diminue au lieu de développer la concurrence pour acheter les services du travailleur. L’une tend donc nécessairement à la paix et à la liberté, autant que l’autre tend à l’esclavage et à la guerre.

§ 10. — Comment la concentration accélère la circulation. La centralisation tend à l’effet contraire.

La concentration tend à favoriser la vitesse de circulation et ainsi à développer l’énergie potentielle de l’homme. D’où résulte que partout elle conduit au développement des forces cachées de la terre, — à la localisation du capital, — la création d’une agriculture savante, — l’établissement d’écoles nationales, — et la création dans tout le pays de sociétés plus petites, au sein desquelles chacun peut trouver toutes les ressources nécessaires pour le mettre en état d’ajouter à ses facultés de production et de jouissance. Plus qu’aucun autre pays du monde, l’Allemagne et le Danemark marchent dans cette direction, — les résultats se manifestent par un accroissement de richesse et de liberté plus rapide qu’ailleurs[3].

  1. L’Ancien Régime, appendice.
  2. Ibid., ch.XII.
  3. « La plupart des grands hommes de l’Allemagne, notamment dans l’art et la