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argent imposant un gros intérêt ; tandis que la propriété et les marchandises étaient à bas prix. Le trafiquant profite par le change : — les variations de prix loi fournissent l’occasion d’acheter à bas prix et de vendre cher. La centralisation trafiquante lu i donnant ce pouvoir sur tout le globe, plus elle se perfectionne, plus impérieuse est la nécessité imposée au monde agricole de s’abstenir de convertir la propriété mobile en capital fixé ; — plus on a besoin de vaisseaux — plus grossit le chiffre des importations et des exportations, — et plus s’avilit la valeur du travail et de la terre qui subissent son empire.

§ 7. — Tendances centralisantes du système anglais.

« L’histoire des colonies, a dit un éminent homme d’État de l’Angleterre, est une série de pertes et de destructions ; — et si, aux millions de livres sterling de capital privé qui ont été ainsi perdus, l’on ajoute plusieurs centaines de millions levés par les taxes anglaises, et dépensés pour le compte des colonies, la perte totale de richesse nationale anglaise à laquelle les colonies ont donné lieu, monte à un chiffre vraiment fabuleux. [1] »

Que cela soit et doive être vrai, personne n’en doutera, pour peu que l’on considère dans quel but sont entretenus tant de coûteux établissements. Gibraltar facilite la contrebande des étoffes, et empêche la population espagnole de combiner pour établir des usines dans le pays. Il s’ensuit qu’on dépend davantage des vaisseaux et des usines de l’étranger. Mais quel profit en résulte-t-il pour l’Angleterre ? Aucun. Le total des marchandises envoyées en Espagne ne représente pas ce que coûte l’entretien des soldats et des matelots employés à cette œuvre. Malte et les îles Ioniennes font de même pour le sud de l’Europe et avec le même résultat : — le coût est trois fois plus grand que tous les profits réalisés. Calcutta, Madras et Bombay ont réduit à néant les fabriques et le commerce de l’Inde. Hong-Kong et Singapour sont entretenus comme dépôts pour faire la contrebande de l’opium, et nuire à la population chinoise. Québec et Montréal facilitent la violation des lois américaines. C’est ainsi que presque toutes les colonies anglaises ne rendent d’autre service, et n’ont d’autre objet que de détruire le pouvoir d’association dans le monde entier.

Prenons n’importe lequel des pays qui suivent la trace de l’An-

  1. Parnell. On Financial Reform.