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Ricardo-Malthusienne, est celle ordonnée par avance par l’être suprême, alors qu’il donne à l’homme les facultés nécessaires pour le mettre en état de soumettre et de diriger les pouvoirs vastes et variés de l’air et de la terre.

§ 4. — La centralisation tend à diminuer à mesure que la terre et le travail gagnent en valeur.

L’étude de l’histoire grecque nous montre, pendant plusieurs siècles une tendance à l’union, telle que nous venons de la décrire. — qui se manifeste dans la formation graduée de l’État athénien et des autres, et dans les combinaisons développées pour l’entretien des jeux olympiques, athéniens, neméens, aussi bien que dans la ligue amphyctionique. Nous la retrouvons dans l’union des cités du Latium, des communautés des Pays-Bas et de l’Inde. La pauvreté de l’homme aux époques primitives, son impuissance d’exploiter les sols riches, font qu’on le trouve invariablement occupant les sols élevés et pauvres ; et de là ces disputes fréquentes pour la possession de terrains qui pourraient nous sembler avoir été d’une importance complètement insignifiante. La pauvreté tend ainsi à enfanter la guerre, laquelle à son tour, arrêtant la circulation et augmentant la difficulté de se procurer des subsistances, enfante la nécessité d’une guerre nouvelle, comme on le voit si bien à chaque page de l’histoire française.

Au moyen âge elle présente une suite de guerres civiles, rarement interrompues, si ce n’est lorsque rois et barons s’unissent pour piller leurs voisins plus faibles. Les conséquences se manifestent dans le fait, que, jusqu’à la Révolution, le droit au travail fut considéré un privilège, pour lequel on devait payer à la couronne, tandis que rois et noblesse se constituaient eux-mêmes les canaux qui servaient à l’écoulement de la richesse du royaume vers les nations étrangères, en échange d’objets de luxe qui n’auraient pu être produits dans le pays. Les onze douzièmes des produits de la terre avaient à quitter le lieu de production en payement de la taille et d’autres taxes — et le peuple était corvéable à volonté pour construire les routes qui servaient à les conduire à la cité centrale pour la distribution. Nulle part en Europe la centralisation n’était plus complète. Nulle part les obstacles dans le trajet du producteur au consommateur n’étaient plus grands. Nulle part aussi, — les extrêmes se touchant toujours, — le peuple ne fut plus pauvre et ceux qui le gouvernaient n’eurent plus de faste. La centralisation dans ce pays est encore excessive. Pour obte-