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La culture s’étend graduellement sur les sols riches, la production se développe sur une plus vaste échelle et l’augmentation rapide de richesse se manifeste par un accroissement du pouvoir de dominer et diriger les grandes forces de la nature, dont le pouvoir de résistance à l’effort humain diminue dans la même proportion. L’engrais abonde, car le consommateur est venu se placer à côté du producteur ; meuniers, charpentiers, fermiers, serruriers, pratiquent entre eux l’échange direct ; il y a économie de force. Le cheval et le chariot qui ont peu à faire sur les grands chemins peuvent donner plus de services à l’extension de la culture ou à l’embellissement du petit domaine.

Plaçons-nous au sommet de la montagne d’où notre regard découvre les diverses petites vallées qui en divergent, ça été de même dans toutes. Chacune a commencé le travail cultural par les pentes élevées et les terres pauvres, et l’attention s’est dirigée vers un centre commun, placé parmi les sols plus riches. Dans chacune, la facilité croissante de combinaison dans leur propre sein a eu pour résultat d’accroître le pouvoir de nouer des relations avec les autres — ce dernier pouvoir s’est manifesté par la construction opérée graduellement de routes qui conduisent sur les crêtes qui forment les lignes de séparation.

La fréquence croissante des rapports fait que se répand l’habitude d’union si bien commencée dans chacune. L’accroissement de richesse et de population amène un commerce plus rapide ; la consommation suivant de plus près la production, chacun trouve sur-le-champ acquéreur pour son travail ou pour ses produits. L’habitude de combinaison se développant, une plus large association se forme qui a pour but le maintien de la paix et de l’harmonie parmi les différentes communautés que nous avons vu naître. L’union devenant plus complète on fait des règlements pour déterminer les rapports des communautés entre elles, — et on réserve à la corporation générale la tâche de régler les rapports avec le monde extérieur. Des lois générales embrassent dès lors l’ensemble de ces sociétés, qui forme une grande pyramide, large à la base, étroite au sommet.

Considérons la population de toutes ces communautés, nous voyons que pour les membres pris en particulier, l’importance de ces lois diminue en raison de l’accroissement de distance. C’est d’abord le home, le foyer domestique ; puis la maison commune,