Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/198

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

celle de 1844 à 1849, — 54 millions en 1854, — et 71 millions en 1856.

N’importe où nous regardions, il est pour nous évident qu’à mesure que l’homme gagne en liberté, le rapport de la taxation à la production tend à diminuer, — ce rapport diminué tend davantage à prendre la forme d’une invitation directe et honorable adressée par les gouvernants aux gouvernés, et le sentiment de responsabilité va se développant de plus en plus chez ceux qui dépensent le revenu public. Là, au contraire, où l’homme perd en liberté, le rapport s’élève et la nécessité pousse de plus en plus à extorquer individuellement de la poche du contribuable ce que Ym n’ose lui demander directement, et, en même temps, à affaiblir le sentiment de responsabilité chez les gouvernants vis-à-vis des gouvernés, —tout cela prouvé abondamment par les phénomènes qui se déroulent sous nos yeux dans l’Irlande et dans l’Inde, la Jamaïque et la Turquie, la Virginie et la Caroline, la Grande-Bretagne et les États-Unis.

§ 13. — Pourquoi ne pas abolir d’un seul coup toute taxation indirecte ? Parce que le pouvoir de taxation directe étant une preuve de cette haute civilisation qui est marquée par le rapprochement des prix des denrées premières et des utilités achevées, — ne peut être exercée dans aucun pays qui n’y ait été préparé par la condition de voisinage immédiat du consommateur et du producteur.

Pourquoi donc alors, va-t-on demander, ne pas abolir d’un seul coup tous les droits d’excisé, les droits de douanes et toutes autres interventions dans le commerce — et établir la parfaite et complète liberté dans les rapports d’homme à homme dans le monde entier ? L’idée a été souvent suggérée par ceux qui tiennent que le bonheur et la prospérité de l’humanité doivent progresser par l’extension du trafic, et qui voient dans l’accroissement du nombre et du tonnage des navires, l’évidence la plus concluante de ce progrès. Nous pourrions tout aussi bien demander : Pourquoi ne donnerait-on pas à chaque homme un faire-valoir ? Pourquoi ne ferait-on pas tous les hommes propriétaires ? Pourquoi ne porterait-on pas au quadruple la richesse sociale, et ne mettrait-on pas ainsi chaque membre de la société en mesure de se sentir enrichi ? Dans le cours naturel des choses, la terre tend à se diviser ; les facultés de l’homme tendent à se développer ; la richesse tend à s’accroître ; la distribution entre les quelques-uns et les multitudes tend à produire l’égalité ; et la taxation tend à devenir directe. Tous ces phénomènes cependant sont des preuves de civilisation — qui se manifestent invariablement dans toutes les sociétés où la circulation va s’accélérant ; et disparaissent dès que la circulation cesse. Plus la demande de force humaine tend à suivre instantanément