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droit de timbre et d’encan, les receveurs d’impôts, les hommes qui vivent du produit des taxes, sont tous autant de gens qui s’interposent entre le producteur et le consommateur, — vivant tous de la part qu’ils prélèvent sur la production du sol, dans son trajet de la main qui produit à la bouche qui la mangera, on au dos qui doit la porter. Dans les premiers âges d’une société, — alors que la circulation est difficile, les hommes d’intermédiaire abondent, et la terre et le travail ont peu de valeur. Plus tard leur nombre diminue, — et tout ce qui se trouve ainsi économisé se partage entre la terre et le travail ; tous deux gagnent en valeur en raison directe du retrait des obstacles qui existent sur la voie de circulation. Par qui et sur quoi sont payées les taxes ? N’est-ce pas sur le travail seul, sur le travail donné à la production du grain et de la laine, à la conversion de la matière première en étoffe ? Le courtier ne produit rien, le négociant n’ajoute rien à la quantité ou à la qualité des choses produites, le receveur d’impôts n’aide en rien dans le travail de production. Les champs seraient aussi bien cultivés, et donneraient autant de blé, quand même il n’existerait ni politiques, ni amiraux, ni généraux. Le grand fermier, qui prend la place des petits propriétaires, substitue simplement à des hommes que tout stimulait à l’effort, d’autres hommes qui savent et comprennent qu’ils n’ont aucun stimulant. Plus cette substitution s’opère, et plus la production diminuera, — plus s’élèvera la proportion de la propriété mobile à la propriété fixée ; plus s’élèvera la quotité de la part prise dans la production par les hommes intermédiaires, — plus le travailleur sera pauvre, — et plus tombera la valeur de la terre. Il en a toujours été, il en sera toujours ainsi. Ce sont, en fin de compte, la terre et le travail qui payent tous les impôts, n’importe le mode de perception. Il est donc de leur intérêt que la taxation soit directe et coûte le moins possible, —ce sont les parties sur lesquelles on compte pour toutes les additions en faveur d’intérêts individuels.

§ 8. — Les taxes anglaises sont en définitive payées par la terre et le travail des différents pays qui fournissent les matières premières que consomment les ateliers anglais. Épuisement qui en résulte pour ces contrées.

Revenons au diagramme qui va nous sert à étudier la condition des peuples de l’Inde, — Les hommes qui vendent le coton et la laine à moins d’un penny la livre, et qui les rachètent de vingt à quarante pence sous la forme d’étoffe. Suivons ce coton : il contribue largement aux fortunes des fonctionnaires anglais et aux dividendes de la Compagnie des Indes, — au fret