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sur le sel du pauvre et sur l’épice du riche ; sur les clous de cuivre du cercueil etsur les rubans de la fiancée ; au lit ou à tableau lever ou au coucher, il faut payer.

« L’écolier, ajoute-t-il, fouette son sabot taxé ; le jeune homme manie son cheval taxé avec une bride taxée, sur une route taxée ; l’Anglais moribond, à qui l’on administre sa médecine qui a payé 7 % puis une cuiller qui a payé 15 %, est couché sur un lit d’indienne qui a payé 22 % ; il fait son testament sur un timbre de huit livres, et il expire dans les mains d’un apothicaire qui a payé une patente de cent livres pour le privilège de le tuer. Sa succession entière est à l’instant taxée de 2 à 10 %. En outre du probate (la vérification), on exige de larges droits pour l’enterrer dans le sanctuaire ; ses vertus sont transmises à la postérité sur un marbre taxé, et il est réuni à ses pères pour cesser enfin d’être taxé. »

Telle a été la marche de la taxation de la propriété fixée à la taxation de la propriété mobile, — c’est précisément vers l’état de choses qui existe aujourd’hui dans les pays demi-barbares de l’Orient ; vers ce qui existait dans la France et l’Angleterre du moyen âge, lorsque la terre et le travail avaient peu de valeur et que la propriété commençait à peine à se fixer.

Trente-cinq ans après, nous voyons un autre pas dans la même direction : c’est le rappel de la taxe sur les maisons ; et là se termine à peu près l’histoire de la taxation directe dans le Royaume-Uni. Le résultat est celui-ci : En 1854, il a été perçu 21 millions livres sterling de droits sur l’importation, 6 millions de taxes d’exercice sur les denrées, — 7 millions de droits de timbre, 3 millions de droits sur chevaux, voitures péages, — 7.500.000 livres de taxes et profits, — et 1.500.000 de droits de postage et autres petites sources de revenus ; le tout montant à 56 millions de livres ou 270 millions de dollars, ce qui, réparti sur la population, donne une moyenne de 10 dollars par tête, dont les neuf dixièmes dérivent de l’exercice du pouvoir d’entraver la propriété ou les idées dans leur trajet du lieu de production au lieu de consommation ; Et voilà ce qu’on appelle la liberté du négoce.

§ 7. — C’est en définitive le travail et la terre qui payent toutes les contributions pour l’entretien du gouvernement. Plus elles s’adressent à eux directement, plus s’allège le poids de la taxation.

La liberté du commerce vise à favoriser la rapidité de circulation de la propriété tant matérielle qu’intellectuelle. La liberté du négoce vise à entraver cette circulation, afin d’y recueillir des contributions pour l’entretien du gouvernement. La première s’a-