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suite de guerres constamment renaissantes et longtemps prolongées. d’où naît la nécessité d’impôts tels, que les utilités qui s’y consommaient se payent trois fois, comme l’on dit, une fois au producteur et deux fois à l’État.

Depuis lors, le pays a continué dans la même voie ; on en peut voir les résultats dans les quelques lignes que nous extrayons d’un document officiel :

« La presque totalité des revenus du gouvernement provient des taxes à l’intérieur, et à cet égard aucun pays n’est plus chargé. Il n’y a d’exemption pour nulle profession, pour nul travail et seulement que pour un bien petit nombre de nécessités de la vie ; la moindre transaction paye son droit. Ce sont littéralement des taxes qui se lèvent sur des taxes[1]. La guerre, le négoce, les entraves au commerce marchent ainsi toujours de compagnie. La dette nationale de ce pays monte à un chiffre effrayant ; elle exige une contribution de 142 dollars 80 par tête et elle s’est accrue avec une rapidité extrême depuis que la Hollande a perdu le privilège de forcer les autres nations à se servir de sa marine pour transporter leurs produits, à prendre ses ports et ses comptoirs pour leurs places d’échange. Admirablement située pour le transit avec le monde entier la Hollande pourrait occuper aujourd’hui un haut rang parmi les nations si elle n’avait négligé d’observer que la richesse et la puissance s’acquièrent par le moyen du commerce, — tandis que la pauvreté et l’épuisement physique et intellectuel ont été les invariables résultats d’une dépendance aveugle du négoce. Dans son état actuel, la patrie de de Witt, de Rubens, d’Érasme, Grotius, Leeuwenhoek et Boorhaave a perdu toute considération dans le monde artistique, scientifique et littéraire et cela, tout en n’en observant que peu dans le monde du négoce[2].

  1. Rapport du secrétaire d’État U.S. sur les Changes Commerciaux, sept. 30, 1855 p. 42.
  2. Au milieu du tableau varié que présente l’histoire des contributions publiques chez les diverses nations de l’Europe, il existe un pays dont les annales offrent peut-être le plus que partout ailleurs une sorte de résumé des modes d’impositions usités dans nos sociétés modernes. — Impôts fonciers divers sur la terre et les bâtiments, contributions sur les rentes et les emplois, taxes indirectes assises sur les objets de consommation les plus nombreux, impôts bizarres et ailleurs sans exemple, tels que ceux levés sur les mariages et les décès, toutes ces combinaisons financières se montrent à nous dans l’histoire de cette contrée où le timbre paraît avoir été