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M. Ricardo et ses accesseurs, n’en est encore qu’à ce degré que M. Comte désigne comme le degré métaphysique ? En peut il être autrement d’un système qui ne tient point compte des qualités par lesquelles l’homme se distingue de la bête des champs ?

§ 13. — Tendances révolutionnaires du système. La guerre entre nations, la discorde parmi les individus croissent à mesure que croit le monopole de la terre. Ce monopole est une conséquence nécessaire de la politique anglaise. A chaque pas dans cette voie, la population souffre de plus en plus dans la distribution entre elle et l’État.

La loi de distribution que nous venons d’exposer avec ses développements, nous l’avions annoncée pour la première fois, il y a vingt ans[1]. Un des économistes distingués de France l’a reproduite et en a reconnu l’harmonie et la beauté, dans les termes suivants dont la vérité sera appréciée par tous ceux qui étudient cette loi avec autant de soin et d’attention qu’elle en mérite.

« Telle est la grande, admirable, consolante, nécessaire et inflexible loi du capital. La démontrer, c’est, ce me semble, frapper de discrédit ces déclamations dont on nous rebat les oreilles depuis si longtemps contre l’avidité, la tyrannie du plus puissant instrument de civilisation et d’égalisation qui sorte des facultés humaines… Ainsi, la grande loi du capital et du travail, en ce qui concerne le partage du produit de la collaboration, est déterminée. Chacun d’eux a une part absolue de plus en plus grande, mais la part proportionnelle du capital diminue sans cesse comparativement à celle du travail… Cessez donc, capitalistes et ouvriers, de vous regarder d’un œil de défiance et d’envie. Fermez l’oreille à ces déclamations absurdes, dont rien n’égale l’orgueil, si ce n’est l’ignorance, qui, sous promesse d’une philanthropie en perspective, commencent par souffler la discorde actuelle. Reconnaissez que vos intérêts sont communs, identiques, quoi qu’on en dise, qu’ils se confondent, qu’ils tendent ensemble vers la réalisation du bien général, que les sueurs de la génération présente se mêlent aux sueurs des générations passées, qu’il faut bien qu’une part de rémunération revienne à tous ceux qui concourent à l’œuvre, et que la plus ingénieuse, comme la plus équitable répartition s’opère entre vous, par la sagesse des lois providentielles, sous l’empire de transactions libres et volontaires, sans qu’un sentimentalisme parasite vienne vous imposer ses décrets aux dépens de votre bien-être, de votre liberté, de votre sécurité et de votre dignité[2]. »

  1. Principles of Political Economy, part. I. Philad. 1837.
  2. Bastiat. Harmonies économiques. Reconnaissant l’identité entière des lois qui régissent les profits du capital et la rente de la terre, le professeur Ferrara, au sujet de cette loi de distribution, dit que « pour quiconque s’intéresse à la condition