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du public[1]. La quote-part du fabricant s’est abaissée » mais là aussi et pour la même raison, — par suite du manque d’activité dans la circulation l’artisan et sa famille sont hors d’état de se procurer le nécessaire en aliment et en vêtement. La quote-part du propriétaire du capital sous forme d’argent s’est abaissée et cependant le taux d’intérêt payé par les membres les plus pauvres de la société est aussi élevé qu’en aucune autre partie de l’Europe. La cause en est dans la tendance du système à accroître le frottement de la société, et par là arrêter la circulation et agrandir le négoce aux dépens du commerce.

Venons aux États-Unis, nous voyons un pays où le changement est à peu près perpétuel. Le taux de l’intérêt, toujours élevé, y quadruple parfois. En cherchant la cause, nous trouvons que ces changements succèdent toujours à des temps d’arrêt de la circulation — le taux de la quote-part du capitaliste montant dès que la politique du pays tend à favoriser l’exportation des denrées premières, et baissant dans le cas contraire. Comme conséquence, les périodes de libre échange se signalent toujours par des agitations pour le rappel des lois qui restreignent les demandes des capitalistes d’argumenter. Sous un système tendant à la création d’une balance favorable du commerce, la quote-part du capitaliste tendrait constamment à baisser, — l’argent tomberait par degré à aussi bon marché que dans aucun autre pays du monde. Sous le système actuel, il tend à monter ; et cela par la raison que la population américaine donne une quantité constamment croissante de ses denrées premières pour une quantité constamment décroissante de tous

  1. Voyez précédemment, vol. I, pour les énormes quote parts des négociants en Angleterre et la faible part des produits du travail qui échoient au travailleur. Cet état de choses a conduit M. Blanqui à douter de l’exactitude de la doctrine d’Adam Smith, en ce qui concerne les droits privés. « Cette doctrine, dit-il, a créé des richesses immenses à côté d’une affreuse pauvreté. Elle a enrichi la nation, en traitant souvent bien cruellement une partie de ses citoyens. » Et il ajoute : « Nous sommes obligés aujourd’hui de chercher un régulateur et de mettre un frein à ces instruments gigantesques de la production qui nourrissent et affament les hommes, qui les vêtissent et qui les dépouillent, qui les soulagent et qui les broient. » Histoire de l’Économie politique, vol. II, p. 145. Une étude plus approfondie de la Richesse des nations eut montré à M. Blanqui que les faits dont il parle ici, ne sont que les conséquences prédites, par le Dr Smith, au peuple anglais comme le résultat infaillible de sa persistance à vouloir faire de son pays l’unique atelier du monde — établissant ainsi une centralisation qui conduit inévitablement à la pauvreté, l’esclavage et la mort.