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Le système de M. Ricardo est un système de discorde. Ses parties ne s’accordent pas entre elles, et son ensemble tend à soulever la guerre entre les classes et les nations. Tout en préconisant la liberté, il enseigne que le monopole de la terre est en accord avec une grande loi de la nature. Tout en croyant à la liberté d’action, il enseigne que si les hommes et les femmes s’avisent de contracter mariage, — ce qui est le stimulant le plus puissant au travail et ce qui tend le mieux à améliorer le cœur et l’intelligence, — leur chance probable est de mourir de faim. Tout en admirant la saine moralité, il fait valoir les avantages du célibat, — donnant faveur à ce qui peut détourner du mariage et favoriser la débauche. Tout en émettant un vœu pour la liberté du commerce des grains, il enseigne au propriétaire que ses intérêts auraient beaucoup à en souffrir. Tout en désirant améliorer la condition du peuple, il affirme au propriétaire que tout capital dépensé en amélioration de culture doit diminuer la quantité de la rente. Tout en désirant que les droits de la propriété soient respectés, il enseigne au travailleur que les intérêts du propriétaire ont à gagner à toute mesure qui tend à produire une disette ; — la rente étant payée en vertu du pouvoir qu’exerce une minorité qui s’est approprié ce que la bienveillante Providence a créé pour le bien commun de tous. Son livre est le véritable manuel du démagogue — qui cherche le pouvoir par la loi agraire, la guerre et le pillage. Ses enseignements sont en contraction avec ce qu’enseigne l’étude des faits bien observés, en contradiction avec eux-mêmes. Les rejeter au plus vite sera agir pour le mieux dans les intérêts du propriétaire et du tenancier, du fabricant et de l’ouvrier, et de l’humanité en masse.

§ 9. — Le taux de quote-part du capitaliste baisse et celui du travailleur s’élève à mesure que la circulation s’élève. Exemples fournis par l’histoire.

Que depuis des siècles la marche des affaires en Angleterre, en France et dans d’autres pays, ait été celle par nous indiquée, il n’est pas permis d’en douter, — la quote-part du propriétaire foncier et des autres capitalistes s’étant constamment abaissée, tandis que s’élevait celle du travailleur, et le premier s’étant enrichi en même temps que l’autre s’est affranchi. En examinant d’autres contrées, nous voyons un autre état de choses. — La quote-part du propriétaire a monté, tandis que celle du travailleur a baissé. Il nous reste donc à chercher les causes de désordre qui ont produit un tel effet, — et à apprécier à quel point elles peuvent confirmer ou détruire la proposition : que la tendance à abaisser le