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lins et fabriques, son travail devient plus productif, — qu’en proportion de chaque progrès dans la facilité de produire qu’ils assirent à qui en louera l’usage, il est mis à même de retenir une quote-part plus élevée dans une quantité plus grande, — et que au lieu du premier contrat qui, alors que la terre en culture ne rendait que six boisseaux par acre, donnait au propriétaire les deux tiers et ne lui laissait que deux boisseaux, le contrat nouveau, dans un rendement de quarante boisseaux, ne donne au propriétaire qu’un cinquième et lui laisse trente deux boisseaux, il comprend que ses intérêts, comme ceux de celui qui touche la rente, sont directement favorisés par toute mesure qui tend à augmenter la richesse et à perfectionner le mode de culture.

§ 8. — La théorie de M. Ricardo est une théorie de discorde universelle. Ses inconséquences, et sa tendance à produire la guerre entre les classes et les nations. Harmonies et beauté des lois véritables.

Cette harmonie parfaite de tous les intérêts permanents de l’homme, il semblerait qu’il suffise de convaincre les hommes de son existence, — de leur faire apprécier pleinement les avantages de la coopération sur l’antagonisme, de leur montrer que pareille à la grâce, « elle descend goutte à goutte comme la douce pluie qui descend du ciel, bénissant à la fois celui qui donne et celui qui reçoit. » Il suffirait de cela seul, disons nous, pour exciter tout homme honnête et éclairé à travailler au développement, chez ses semblables de tous les pays, de leur instinct naturel pour leur association et la combinaison, — le laboureur et l’artisan prenant place à côté l’un de l’autre. Que la nécessité en soit comprise, ainsi que les avantages qui en résulteraient pour tous — le Gaulois et le Breton — le Russe et l’Américain — le Turc et le chrétien, et dès lors la paix et le commerce succéderont au trafic envieux et à la discorde universelle. L’harmonie des classes enfantera l’harmonie des na-tiens. L’amour de la paix se répandra sur toute la terre. Tous reconnaîtront avec bonheur que dans les lois qui régissent les rapports de l’homme avec ses semblables, règne cette belle simplicité, cette harmonie qui se manifeste si hautement en toutes autres choses ; tous apprendront, par degrés, que la meilleure manière de servir leurs propres intérêts est de respecter dans autrui les droits de la personne et de propriété qu’ils désirent qu’on respecte en eux-mêmes ; et tous à la fin acquerront la conviction que toute la science sociale est comprise dans cette courte parole du grand fondateur du christianisme : « Faites au prochain comme vous voudriez qu’il soit fait à vous-même. »