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balancer les lois en question, — en introduisant des améliorations dans la culture, retardant ainsi la nécessité de recourir aux sols moins productifs. La proposition a été introduite dans le système par le besoin absolu de créer un refuge à quelques-unes des mille exceptions à ses lois, qui se présentaient d’elles-mêmes à son auteur ; sa présence est un aveu positif du vice de la doctrine.

Selon M. Ricardo, la richesse s’accroît le plus vite à l’époque et dans le pays où la terre abonde le plus, — à l’époque et dans le pays où les meilleurs sols seuls sont en culture. C’est aussi l’opinion de ses disciples, comme on le voit par le fait que tous, sans exception, attribuent le rapide accroissement de richesse des États-Unis à l’abondance de la terre. La culture améliorée devrait donc progresser au plus vite là où la terre abonde le plus, mais ce n’a été le cas dans aucun pays du monde. C’est tellement le contraire qui est arrivé que la richesse s’est accrue le plus lentement dans les États où abondent le plus les sols riches et inoccupés, et cela par la raison que la population y étant le plus disséminée, — le pouvoir d’association y a le moins existé. Elle s’accroît, aujourd’hui, le plus rapidement dans ceux où l’on a eu recours aux sols négligés dans les premiers temps ; et c’est précisément de cette manière que les améliorations dans la culture se produisent le mieux[1]. La charrue permet an fermier de fouiller profondément les terrains qui occupent le fond des vallées, la bêche lui facilite l’accès à la marne, — le chemin de fer lui rend facile de changer de localité. Il lui permet aussi de rapprocher la houille de la chaux. Il facilite la composition d’un nouveau sol qui, selon M. Ricardo, devrait être plus mauvais que l’ancien, et qui, de fait, se trouve meilleur. À chaque extension de la culture, le travail devrait être moins productif, — la richesse 8’accroître plus lentement, en même temps que décroîtrait le pouvoir de progresser dans les améliorations ; et cependant chaque extension se trouve suivie d’un accroissement du pouvoir de l’homme de commander les services de la nature.

Les nouveaux sols sont meilleurs que les anciens, ou ils sont

    productive qu’il n’aurait point autrement. Grâce à cette acquisition il est affranchi du besoin d’une autre aide. Le travail du passé et du présent, — le capital et le travail, — se rencontrant sur le marché, la loi générale de la valeur régit toutes leurs négociations, — cette loi étant directement constituée pour affranchir le présent de la tyrannie du passé. » — Bibliotheca dell Economista, vol. XIII, p. 49.

  1. Voyez précédemment, vol. I, p. 116.